24 janvier 2002 |
Une équipe québécoise composée de juristes et de consultants en gestion prendra l'avion d'ici quelques semaines en direction de Rabat, au Maroc. Nicole Lacasse, professeure de droit au Département de management de l'Université Laval et titulaire de la Chaire Stephen-Jarislowsky en gestion des affaires internationales, dirigera ce groupe de spécialistes en droit civil et en réorganisation d'institutions. Un mandat d'une durée d'un an leur a été confié par le ministère marocain de la Justice et la Banque mondiale, au terme d'un appel d'offres international. Il consiste à entreprendre la modernisation de l'Institut national des études judiciaires du Maroc. Cet Institut forme les juges de ce pays qui compte 2 750 magistrats en exercice. "Nous aurons le leadership de la réforme, mais notre rôle en sera un d'assistance, précise Nicole Lacasse qui agira comme conseillère experte principale. C'est un beau dossier, ce sera intéressant comme travail." Les juristes qui l'appuieront comprendront le professeur de la Faculté de droit Nabil Antaki, des spécialistes du Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal et des magistrats en exercice. Des représentants du groupe-conseil montréalais DDM compléteront l'équipe.
Compétence, pragmatisme et doigté
Plusieurs de ces juristes ont poursuivi leurs études
supérieures en Europe. Ils se retrouveront donc en territoire
connu puisque le système judiciaire civiliste en usage
au Maroc est basé, comme au Québec et dans de nombreux
pays européens, sur le Code civil français. Le pragmatisme
dans l'organisation, qui caractérise la mentalité
nord-américaine, a également joué en faveur
de la soumission québécoise. "Nous n'allons
pas nous asseoir entre nous et dessiner un bel organigramme pour
ensuite tenter de le faire fonctionner, explique Nicole Lacasse.
Nous allons plutôt faire un diagnostic de la situation en
allant sur le terrain poser aux gens des questions sur leurs besoins.
Après on dessinera avec eux un organigramme!"
La connaissance que possède Nicole Lacasse du Maroc a aussi
sans doute pesé dans la balance. Depuis quatre ans, elle
collabore à la mise à niveau organisationnelle de
l'Université Ibn Zohr d'Agadir. Selon elle, les Québécois
qui participent à des mandats internationaux ont un avantage
sur leurs concurrents. "Nous ne prétendons pas avoir
de solution idéale et nous ne sommes pas là pour
imposer un modèle, indique-t-elle. Nous disons plutôt
que nous pensons pouvoir aider en partageant notre expertise."
Compte tenu du décalage culturel réel et en raison
du statut des magistrats marocains, ce mandat nécessitera
beaucoup de doigté. "Ce qu'il faut, dit-elle, c'est
instaurer un bon climat de respect mutuel, de respect des valeurs
réciproques. Il faut aussi prendre du temps pour se connaître."
Un pays qui se modernise
Le mandat de l'équipe québécoise s'inscrit
dans une vaste réforme du système de justice au
Maroc. C'est qu'un fort vent de modernisme souffle sur ce pays
en développement de 30 millions d'habitants. "Nous
ne ferons pas la réforme complète des programmes
d'enseignement en un an, précise Nicole Lacasse. Nous allons
surtout voir comment développer la formation continue et
la formation professionnelle dispensées là-bas.
Sur l'aspect plus pédagogique, nous pensons à introduire
l'utilisation de cas et les procès simulés pour
faire en sorte que les futurs magistrats soient mieux outillés
lorsqu'ils iront sur le terrain." Ce volet du mandat comprendra
aussi le recours aux applications pédagogiques des technologies
de l'information. Dans le volet gestion, il s'agira d'implanter
une certaine rigueur, notamment aux chapitres de la gestion des
programmes d'enseignement, des contingents d'étudiants
et des grilles horaires.
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