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24 janvier 2002 ![]() |
LA COURSE AU RECTORAT AU LENDEMAIN D'UN PROCÈS
COÛTEUX
Pendant plus de cinq ans, l'Université Laval et son
Département de géographie ont été
secoués par une grave affaire de diffamation qui a conduit
l'institution devant la Cour supérieure en septembre 2001.
L'Université Laval a été condamnée
pour atteinte à la réputation d'un de ses professeurs,
le géographe François Hulbert. Cette condamnation
fait suite aux graves accusations mensongères portées
par son collègue Rodolphe De Koninck dans un écrit
largement diffusé et qualifié d'"objectivement
diffamatoire" par le Tribunal.
Le 3 décembre 1999, dans une lettre ouverte parue dans
Le Devoir, j'interpellais le recteur Tavenas: "À
qui profite donc cette situation malsaine pour que vous ayez choisi,
M. le recteur, de vous engager dans la voie d'un procès
long et coûteux plutôt que de réfuter les accusations
de M. Rodolphe De Koninck ?" La question est toujours d'actualité,
alors que s'engage une course au rectorat, où M. Tavenas
est candidat à sa succession.
En effet, comment expliquer que les autorités de l'Université
Laval n'aient, à aucun moment, assumé leurs responsabilités
en désavouant la lettre de R. De Koninck et en lui demandant
de se rétracter ? Devant une telle situation, comme le
note le jugement de 21 pages, François Hulbert n'avait
d'autre choix que d'intenter une poursuite pour faire reconnaître
que la lettre de R. De Koninck envoyée dans les universités
au Québec était diffamatoire et ses accusations
fausses et sans fondement.
En refusant de régler cette affaire à l'interne
et en allant jusqu'en Cour supérieure, l'Université
Laval a engagé, outre des sommes importantes, le renom
de l'institution. Les conséquences sont en effet importantes
pour un établissement de haut-savoir reconnu coupable d'atteinte
à la réputation d'un professeur . Francois Hulbert
poursuit maintenant sa carrière en France, Rodolphe De
Koninck abandonne l'Université Laval pour rejoindre l'Université
de Montréal et le vice-recteur Jacques Samson a dû
démissionner. En outre, que devient dans toute cette tourmente
la géographie et le département où
s'exerce cette discipline ? Celui-ci a perdu presque la moitié
de ses enseignants en quelques années, des secteurs entiers
de la discipline ont quasiment disparu et on a appris récemment
que le Département va quitter la Faculté des lettres
pour se replier dans la Faculté de foresterie et de géomatique.
Le recteur Tavenas pouvait-t-il ignorer ce qui se passait dans
ce département alors qu'il a à ses côtés
comme vice-rectrice à la recherche madame Louise Filion,
elle-même issue du Département de géographie?
Puisque l'Université Laval a renoncé à aller
en appel du jugement, il serait temps qu'on nous explique comment
une telle affaire a pu se produire et qu'on sache si des mesures
disciplinaires sont prévues contre la personne à
l'origine de la diffamation, comme l'évoquait le journal
étudiant Impact Campus (6 novembre 2001). À
l'avenir, un professeur pourra-t-il encore, à l'instar
de Rodolphe De Koninck, porter de fausses accusations sans risquer
le moindre blâme de l'institution, et avec l'assurance que
l'Université prendra sa défense en défrayant
les coûts judiciaires, tandis que la victime devra, seule
et à ses frais, avoir comme unique recours le Tribunal
pour faire connaître la vérité ? Des réponses
devraient être apportées par les candidats au rectorat,
en particulier M. François Tavenas qui brigue un deuxième
mandat.
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