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10 janvier 2002 ![]() |
La saga du Centre agronomique de Sainte-Croix tire à
sa fin. En effet, le Conseil d'administration de l'Université
a entériné, le 19 décembre, un projet de
cession de ce centre à un organisme de Sainte-Croix, le
Front commun pour la protection du patrimoine agricole du Québec.
En vertu de l'entente, le Front commun acquiert, pour la somme
d'un dollar, les terrains, les bâtiments, l'ameublement,
l'équipement agricole, 31 vaches et 29 taures ainsi que
les licences et les droits pour l'exploitation de la ferme. L'entente
approuvée par le Conseil d'administration prévoit
un partage égal du quota de lait entre le Front commun
et l'Université, mais des pourparlers se poursuivent à
ce sujet.
On se souviendra que l'Université avait décidé
de se retirer du Centre agronomique de Sainte-Croix et de relocaliser
au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault le
troupeau laitier utilisé par les chercheurs de la Faculté
des sciences de l'agriculture et de l'alimentation (FSAA). Plusieurs
éléments avaient conduit à cette décision,
notamment les coûts élevés des travaux exigés
pour respecter les normes du Conseil canadien de protection des
animaux et celles du ministère de l'Environnement du Québec.
Ces travaux auraient coûté plus de 1 million de dollars,
avait avancé le doyen de la FSAA, Jean-Claude Dufour.
L'Université avait acquis le Centre agronomique de Sainte-Croix
en 1989, au coût symbolique d'un dollar. L'objectif était
d'utiliser les installations pour y mener des activités
de recherche, de formation continue, des rencontres scientifiques
et diverses activités avec les partenaires du milieu. À
l'automne 2000, le Conseil d'administration de la Corporation
du Centre agronomique de Sainte-Croix, où siégeaient
des représentants du milieu et de l'Université,
décidait unanimement de se dissoudre et de remettre la
gestion du Centre à l'Université. La Corporation
ne parvenait pas à financer les activités du Centre,
ce qui la plaçait dans une situation financière
précaire. Au mois de mai 2001, une centaine de citoyens
de Sainte-Croix descendaient dans la rue pour exprimer publiquement
leur opposition au déménagement du troupeau laitier.
Biodiversité agricole
Le Front commun pour la protection du patrimoine agricole
du Québec est dirigé par l'avocat-agriculteur Yves
Bernatchez, qui a siégé pendant huit ans au Conseil
d'administration du Centre agronomique de Sainte-Croix. Le Front
commun regroupe des bénévoles soucieux de préserver
"les races animales de fondation et de formation québécoises".
"Il s'agit des races de bovin, de cheval et de poule que
les premiers Français venus s'établir au pays avaient
apportées avec eux, rappelle Yves Bernatchez. Au fil des
siècles, ces races ont été progressivement
remplacées par d'autres, au point de disparaître
presque complètement. Nous voulons utiliser les installations
de Sainte-Croix pour établir un conservatoire et un centre
d'interprétation agro-touristique des races animales et
des espèces végétales du patrimoine agricole
québécois."
Outre le Front commun pour la protection du patrimoine agricole,
deux autres organismes avaient présenté des offres
d'acquisition de la ferme de Sainte-Croix: Défi Jeunesse
Québec et la Corporation du Centre agronomique de Lotbinière.
Les trois propositions ont été étudiées
et discutées avec chacun des groupes. "L'Université
avait posé un certain nombre de conditions au sujet de
l'éventuel acquéreur", signale le responsable
du dossier, Denis Rochon, adjoint au vice-recteur à l'administration
et aux finances. Il devait s'agir d'un organisme à but
non lucratif, crédible, qui s'engagerait à conserver
la vocation agricole des installations et à collaborer
avec les organismes et intervenants du milieu."
L'opposition au déménagement du troupeau laitier
semble se dissiper à Sainte-Croix. "Nous avons eu
des discussions avec les représentants de la population
de Sainte-Croix et ils ont accepté de se joindre à
nous à la mi-décembre, signale Yves Bernatchez.
Ils seront représentés au sein du conseil d'administration
de la corporation."
Selon Denis Rochon, le transfert de propriété et
le déménagement d'une partie du troupeau vers le
Centre de recherche en sciences animales de Deschambault devraient
être complétés avant la fin de l'hiver.
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