10 janvier 2002 |
Les résidents en médecine possèdent des connaissances
à la fois bonnes, mais limitées sur la signification du professionnalisme
dans leur discipline. Cette compréhension refléterait leur
vécu quotidien, essentiellement axé sur la relation patient-médecin
pendant les années de résidence. Luc Côté, de
la Faculté de médecine de l'Université Laval, et Keith
Brownell, de l'Université de Calgary, arrivent à ces conclusions
après avoir mené une enquête sur la signification du
professionnalisme auprès de 258 résidents de ces deux universités.
Les trois principales marques de professionnalisme identifiées par
les répondants - et aucun patient ne s'en plaindra - sont le respect,
la compétence et l'empathie. Ce choix était partagé
aussi bien par les hommes que par les femmes. Les qualités personnelles,
en particulier celles qui touchent la communication avec les patients, la
famille, les autres médecins et le personnel hospitalier, dominent
les 15 premiers éléments de la liste des attributs associés
au professionnalisme par les répondants. Cependant, des éléments
reflétant une vision plus large du professionnalisme, notamment le
contrat social, les règles d'éthique, le bien du patient avant
les intérêts du médecin, la participation aux sociétés
professionnelles et l'altruisme, n'ont pas été relevés
par la majorité des résidents. Leur ignorance du professionnalisme
dans les dimensions autres que la relation avec le patient se traduit bien
par le fait qu'à peine la moitié d'entre eux a pu identifier
correctement l'organisme médical responsable du professionnalisme
dans leur province respective.
Bons et mauvais modèles
C'est principalement en observant les médecins qui soignent et
ceux qui enseignent - aussi bien les modèles qu'ils veulent suivre
(94 % des cas) que ceux qu'ils ne veulent pas imiter (44 %) - que les résidents
se forgent une idée du professionnalisme, signalent les auteurs de
l'étude. Il serait donc révélateur, soulignent-ils,
de reprendre l'enquête en interrogeant les médecins-professeurs
sur leur propre vision du professionnalisme. Une étude antérieure
menée par Luc Côté avait montré que les étudiants
en médecine du Québec jugeaient que moins de la moitié
de leurs professeurs possédaient des qualités humaines jugées
essentielles chez un "bon" médecin. Les étudiants reprochaient
surtout à leurs maîtres leur manque apparent de sensibilité
et leur manque d'intérêt pour le bien-être général
des malades.
La formation dispensée aux résidents au chapitre du professionnalisme
devrait être modifiée, suggèrent Luc Côté
et Keith Brownell dans leur article publié dans Academic Medicine
. "Il ne faut pas tenter de tout leur montrer pendant les années de
résidence. Il faut plutôt leur donner les principes de base
du professionnalisme et leur inculquer l'idée qu'ils doivent continuellement
renouveler leurs connaissances à ce sujet, de la même manière
qu'ils participent à des activités de formation continue pour
suivre les progrès de la science."
Éthique
En vue d'assurer une meilleure formation en éthique aux étudiants
en médecine familiale, Hubert Marcoux, Claude Lamontagne, Suzanne
Cayer, Agnès Desrochers et Danielle Gauthier ont enquêté
auprès de 53 médecins enseignants de six unités de médecine
familiale affiliées à l'Université. L'exercice consistait
à identifier, par diverses mises en situation, les besoins de formation
éthique des médecins enseignants. "Cette recherche-action est
l'assise du curriculum de formation en éthique pour le programme de
résidence en médecine familiale. Elle offre une stratégie
pour intégrer la dimension éthique à l'enseignement
quotidien puisque les objectifs d'apprentissage découlent directement
des préoccupations du corps professoral", concluent les chercheurs,
dans l'article qu'ils publient à ce sujet dans Le Médecin
de famille canadien.
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