10 janvier 2002 |
De mai à juin 2001, deux équipes d'étudiants
et étudiantes de premier cycle en archéologie ont
fouillé durant cinq semaines le sol du site de l'îlot
des Palais, près de la gare du Palais dans la basse-ville
de Québec. Ces deux équipes du chantier-école
de l'Université Laval sont intervenues sur les vestiges
du second palais de l'intendant. Ce bâtiment de grandes
dimensions, avec jardins à la française, avait été
construit entre 1716 et 1719. Il servait de résidence officielle
au représentant du roi en Nouvelle-France ainsi qu'aux
activités du Conseil souverain, la cour de justice coloniale.
Après la Conquête, les soldats britanniques l'ont
utilisé comme caserne.
La première équipe a concentré ses efforts
sur la mise au jour des limites des murs, plus précisément
le coin du mur ouest et nord. Les travaux de la seconde équipe
ont porté sur les dépendances du palais et sur un
mur de fortification. Les premiers ont découvert le coin
en question, ainsi qu'un bâtiment en bois, possiblement
une chambre froide, construit au tournant du 20e siècle.
"Le bâtiment est suffisamment bien conservé
pour qu'on puisse bien comprendre la méthode de construction
suite à une fouille très fine des vestiges",
indique le superviseur de l'équipe, Louis Gilbert, étudiant
à la maîtrise en archéologie. Les travaux
de la seconde équipe ont permis de retrouver une grosse
partie d'un entrepôt frigorifique en béton découvert
en 2000 et qui faisait partie d'un important complexe de production
de bière au 20e siècle. Les étudiants ont
aussi mis au jour des niveaux de rues de différentes époques
et remontant jusqu'à la fin du 18e siècle. Une des
couches étudiées pourrait même contenir des
débris d'un incendie majeur survenu dans la basse-ville
lors de l'attaque de Québec par les troupes américaines
en 1775. Le palais de l'intendant avait alors été
bombardé.
En plus de morceaux de céramique, de verre et de métal,
les interventions archéologiques, comme celles du printemps
précédent, ont mis au jour des artefacts aussi hétéroclites
que des pièces de monnaie, des os de boucherie, des balles
de fusil et des boutons de manchettes.
Un site de plus en plus connu
Le chantier-école est dirigé par Réginald
Auger et Marcel Moussette. Professeurs au Département d'histoire.
Les recherches effectuées durant les années 1980
sur le site de l'îlot des Palais ont permis de découvrir
de nombreux vestiges relatifs au premier palais de l'intendant,
qui a brûlé en 1713, et aux magasins du roi. Selon
l'étudiant à la maîtrise en archéologie
Patrick Eid, superviseur de la seconde équipe de fouilles
au printemps 2001, le secteur, avec une brasserie et une fabrique
de potasse, avait à l'origine une vocation industrielle.
"Ce qu'on tente de déterminer avec nos interventions
actuelles est jusqu'où cette vocation se prolonge, dit-il.
Nous avons retrouvé un mur du bâtiment de la potasse,
ainsi qu'un mur de fortification qui entourait le second palais."
Selon Louis Gilbert, le sol d'une ville relativement ancienne
comme Québec a subi de nombreuses et inévitables
perturbations, ce qui complique de beaucoup l'interprétation
archéologique. Patrick Eid, pour sa part, explique que
si les archéologues ont recours aux plans et textes anciens
pour orienter leurs recherches, ils ne peuvent s'y fier entièrement
à cause du manque de précision de ces sources. "Souvent
les plans de l'ingénieur militaire Chaussegros de Léry,
qui a aménagé les fortifications à Québec,
étaient des avant-projets, dit-il. De nombreux archéologues
ont tenté de retrouver ce qui apparaît sur les plans.
Mais bien souvent le plan était une supposition de ce qu'on
voulait faire, non une reproduction de la réalité
à venir."
|