10 janvier 2002 |
À Brême, en Allemagne, l'été dernier,
une centaine d'étudiants et étudiantes de maîtrise
ou de doctorat, en provenance d'une trentaine de pays, ont participé
durant deux mois à un stage intensif offert par l'Université
internationale de l'espace. Caroline Rhéaume, étudiante
au doctorat en physiologie-endocrinologie à l'Université
Laval, était du nombre. "Ce que je vise, dit-elle,
est d'aller éventuellement travailler pour la NASA comme
médecin de l'espace (flight surgeon). Ces spécialistes
font la sélection des astronautes et leur font subir une
batterie de tests. Compte tenu de mes antécédents
en recherche, j'aimerais aussi participer aux expériences
qui sont faites avec les astronautes, notamment en physiologie
cardiovasculaire. Et si je peux en accompagner certains dans l'espace,
tant mieux !"
Caroline Rhéaume a fait une partie de ses études
doctorales à l'Université de Waterloo, en Ontario,
auprès du professeur-chercheur Richard Hughson, un spécialiste
de la physiologie spatiale. "Ses travaux portent entre autres
sur l'intolérance orthostatique qu'ont souvent les astronautes
au retour de leurs missions dans l'espace, explique-t-elle. Dans
l'espace, il se produit énormément de changements
au niveau de la redistribution du débit sanguin. Le sang
se concentre dans la partie haute du corps, ce qui fait qu'à
leur retour les astronautes ont du mal à se tenir sur leurs
jambes et ont tendance à tomber par terre. L'idée
consiste notamment à leur faire faire de l'exercice dans
l'espace."
Un monde fascinant
L'étudiante de Laval et ses collègues ont assisté
à pas moins de 90 heures de cours durant le premier mois
de stage. De nombreux conférenciers, entre autres de la
NASA américaine et de l'Agence spatiale européenne,
leur ont fait découvrir les différentes facettes
de la réalité spatiale, en particulier ses aspects
commercial, juridique, scientifique et technique.
Au cours du second mois, les stagiaires ont visité une
entreprise spécialisée dans la recherche médicale
spatiale. Ils ont aussi suivi des cours de plongée sous-marine
et assisté à plusieurs expérimentations sur
le phénomène mécanique des fluides dans des
conditions d'apesanteur. Ces expériences se sont déroulées
à l'intérieur d'une tour haute de 146 mètres
où une capsule contenant un fluide tombe en chute libre.
Ce fluide subit des transformations durant 4,7 secondes, soit
le temps au cours duquel la capsule atteint l'état d'apesanteur.
Les étudiants et étudiantes ont également
présenté un projet de recherche en lien avec leurs
études. La présentation de Caroline Rhéaume
a porté sur la variabilité de la pression artérielle
et de la fréquence cardiaque en apesanteur. "J'ai
monté mon projet autour d'un bungee, indique-t-elle.
J'ai mesuré la pression artérielle de vingt sauteurs
avant et après le saut pour montrer combien les moments
qui précèdent le décollage de la navette
spatiale peuvent être stressants pour les astronautes."
En guise de projet final, elle a produit avec la moitié
des stagiaires un rapport écrit sur les moyens de commercialiser
les activités de la Station spatiale internationale actuellement
en orbite autour de la Terre. "Sur le plan de la R &
D spatiale, dit-elle, nous avons avancé l'idée d'une
station orbitale réservée aux chercheurs scientifiques
de tous les horizons. Le financement pourrait provenir de compagnies
pharmaceutiques."
Le stage comprenait un important volet culturel où les
participants présentaient en soirée leur pays d'origine.
Autrement, toutes les activités offertes, dont les films
projetés une fois la semaine, étaient en lien direct
avec l'espace. "On ne parlait que de l'espace", souligne
Caroline Rhéaume qui, avec d'autres, s'est retrouvée
plus d'une fois à l'extérieur en pleine nuit afin
d'observer le passage d'une navette spatiale dans le ciel étoilé,
à quelque 440 kilomètres d'altitude.
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