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Audace et rigueur
Michel Nadeau, président de CDP Capital, une société
qui gère 99 % des actifs de la Caisse de dépôt
et placement du Québec, soit 125 milliards de dollars,
était à l'Université, son alma mater
, le mercredi 5 décembre pour prononcer une conférence
à dans le cadre des activités de la Chaire Stephen-Jarislowsky
en gestion des affaires internationales. Il a d'abord indiqué
que le président de la Caisse était à Los
Angeles pour annoncer une série de placements dans le domaine
du cinéma et de l'industrie du spectacle. "Nous sommes,
précise-t-il, le deuxième actionnaire en importance
de MGM - United Artists." Michel Nadeau a également
fait part de la volonté de la Caisse, en dépit des
attaques terroristes du 11 septembre, de se porter acquéreur
d'une tour à bureaux dans la métropole américaine.
"Nous pensons que c'est le temps, dit-il. New York sera toujours
New York. Il ne faut pas avoir peur."
Le conférencier croit que 2001 aura probablement été
l'année la plus difficile depuis 40 ans pour l'ensemble
des marchés boursiers. Dans cette grisaille, le marché
immobilier aura émergé comme la classe d'actifs
la plus rentable. En ce domaine, CDP Capital gère le plus
important portefeuille au pays, une position enviable obtenue
grâce à une expertise développée entre
1990 et 1995, une période de vaches maigres pour les placements
immobiliers. Il y a quelques années, en achetant des tours
à bureaux dans le quartier de La Défense, à
Paris, CDP Capital devenait le plus important propriétaire
foncier de la région parisienne.
CDP Capital gère les turbulences mondiales et, selon son président, file vers un avenir radieux
Expertise technique et bon sens
Au cours des deux dernières années, les marchés
boursiers ont connu l'exubérance dans le secteur de la
technologie, puis l'éclatement de cette bulle spéculative,
la fin d'un long cycle boursier haussier aux États-Unis
suivi d'une récession, enfin les craintes et l'incertitude
à l'échelle mondiale consécutives au 11 septembre
2001. "Il y aura toujours de l'incertitude, affirme le président
de CDP Capital. On ne peut la réduire, mais on peut la
gérer. Nous le faisons par la diversification de nos activités.
Il faut être raisonnable pour les attentes de gains. J'ai
beaucoup plus confiance maintenant en un mélange d'expertise
technique et de bon sens dans la gestion des portefeuilles."
Plus important investisseur canadien sur les marchés étrangers,
la Caisse s'est lancée dans le placement privé bien
avant la plupart des grandes caisses de retraite publiques et
privées aux États-Unis. Aujourd'hui, elle touche
même aux fonds spéculatifs (hedge funds),
ayant confié des mandats de deux à cinq millions
de dollars chacun à 55 gestionnaires à travers le
monde.
Les experts de CDP Capital sont présents dans de nombreux
pays, notamment au Chili, en Pologne et à Bahreïn.
"Nous avons présentement pour environ 300 millions
de dollars de projets immobiliers en Europe centrale, indique
Michel Nadeau. Nous avons aussi des équipes sur place au
Maroc et en Algérie qui conseillent le ministère
des Finances et la Caisse de dépôt du pays. En gestion
de fonds, les Américains et les Anglais disent: Confiez-nous
votre argent, nous allons le gérer de Boston ou de Londres.
Nous disons plutôt: Des Québécois vont aller
travailler avec vous. C'est comme ça qu'on se distingue
des multinationales."
De 1996 à 2000, les placements effectués par CDP
Capital ont offert un rendement annuel moyen de 12,2 %. Michel
Nadeau a pour objectif de doubler l'actif sous gestion de la société
d'ici cinq ans. Il vise aussi à en faire l'un des dix meilleurs
gestionnaires mondiaux de fonds à une époque où
les entreprises canadiennes les plus concurrentielles à
l'échelle de la planète sont québécoises,
notamment Bombardier, SNC-Lavalin et Quebecor Media.
YVON LAROSE
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