|
Ève Cadieux détient une maîtrise en histoire
de l'art et création visuelle de l'Université de
Montréal. Depuis 1995, elle a participé à
près de trente expositions individuelles et collectives.
L'artiste collectionne les vêtements et accessoires de papier
pour poupées de carton miniatures depuis sa tendre enfance.
"Je me disais qu'un jour, ça pourrait servir, explique-t-elle.
Je me souviens que ma mère essayait de les jeter et quej'allais
les chercher dans la poubelle."
Aujourd'hui, cette curieuse petite manie prend tout son sens dans
l'exposition "Curiosités" où elle présente
trente de ses petits trésors grandeur réelle sur
pellicule en noir et blanc, tous minutieusement codés et
étiquetés du nom de celle qui les a portés.
Les curiosités d'Ève Cadieux comprennent également
six photographies, agrandies à l'échelle humaine,
de vêtements de poupées de laine et de tricot confectionnés
par sa grand-mère et sélectionnés parmi une
garde-robe d'une cinquantaine de morceaux. "Je me suis amusée
à faire la designer. Quand on est petit, on a l'impression
de porter nous-même les vêtements, explique-t-elle.
J'ai eu le goût de pousser l'expérience plus loin
en les agrandissant." Ainsi, la plus petite photo (papillon)
mesure quatre pieds, tandis que la plus grande (mante religieuse)
fait six pieds. C'est qu'Ève Cadieux a attribué,
en plus de leur nom d'origine, des noms d'insectes à certaines
de ces créations, pour leur ressemblance mais aussi à
cause "du rituel de les épingler", comme une
collection d'insectes. Pour définir le relief des textures
des vêtements et le champ de profondeur, trois des photos
ont été prises sur fond bleu "poétique",
tandis que les trois autres ont été captées
sur du blanc "médical". "Même si cette
collection fait partie de ma mémoire personnelle, je me
suis aperçue que les gens s'y reconnaissaient également",
affirme l'artiste.
Une caméra dans la fenêtre
Après avoir complét.son baccalauréat
en arts visuels à l'Université Laval, François
Cormier s'est installé dans un appartement de l'avenue
du Mont-Royal à Montréal. Depuis ce temps, il s'amuse
à croquer les passants qui défilent devant chez
lui avec son appareil photo. De la fenêtre de son atelier,
sa caméra équipée d'un moteur a fait des
milliers de clichés sans flash sur une période de
quatre ans. L'exposition "Curieux", affiche aujourd'hui
le résultat de ces heures passées devant la fenêtre,
avec une centaine de photos prises sur le vif.
Comment donc choisit-il ses sujets ? "Il n'y a pas vraiment
de concept, explique François Cormier. Ce sont les détails
et les hasards qui attirent mon attention sur les piétons
qui passent devant ma fenêtre." On peut donc y voir
cette dame, le nom Robert tatoué sur le bras droit,
qui semble un peu perdue, ou cet homme qui sort de sa voiture
d'un air décidé. "Les voitures stationnées
le long du trottoir ont souvent été une source de
frustration, jusqu'à ce que je décide de les inclure
dans le projet", fait valoir François Cormier. Pour
ce dernier, l'assemblage des photos s'est présenté
comme une évidence: "Chaque piéton est unique.
Cependant, au fur et à mesure que les films étaient
développés, les comparaisons devenaient inévitables."
Deux personnes qui sont passées devant sa fenêtre
sans jamais s'y être réellement croisées peuvent
donc être mises en relation, par l'entremise du téléobjectif.
La plus saisissante des associations est sans doute celle d'une
femme qui marche vers l'Est, placée à côté
de la photo d'un homme marchant en sens inverse, un serpent sur
les épaules. François Cormier a baptisé ces
personnages, qui semblent marcher l'un vers l'autre "Adam
et Ève". Un pan de mur de l'exposition a aussi été
consacré à la reconstitution du paysage de ce segment
de rue par collage. Cette méthode de travail a son charme,
puisque l'observateur se transforme en curieux, tenté par
l'envie de décoller la photo pour voir ce qui se cache
derrière. Dans l'avenir, l'artiste prévoit travailler
avec le logiciel PhotoShop, qui lui permettra d'assembler
les photos au gré de sa fantaisie, sans que rien n'y paraisse.
Les oeuvres d'Ève Cadieux et de François Cormier
sont présentées à la Galerie des arts visuels,
255, boulevard Charest Est, jusqu'au 21 décembre. Heures
d'ouverture: du mercredi au vendredi de 9 h 30 à 16 h 30,
et le samedi et le dimanche de 13 h à 17 h.
|