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Contrairement à la croyance populaire, ce sont les risques
environnementaux (contamination de l'eau et du sol), plutôt
que les nuisances agricoles (odeurs, bruits et poussières),
qui sont de plus en plus au centre des conflits divisant la population
rurale confrontée à l'arrivée de nouveaux
projets agricoles. On observe également que les acteurs
locaux (élus municipaux, agriculteurs et résidents)
jouent un rôle prépondérant dans l'accentuation
ou l'atténuation de ces conflits de cohabitation.
C'est ce que révèle une étude d'envergure
provinciale sur la cohabitation en milieu rural liée aux
activités agricoles, notamment à l'industrie porcine,
complétée par les professeurs Réjean Landry,
de la Faculté des sciences sociales et Guy Debailleul,
de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation.
Pour répondre à cette problématique d'acceptabilité
sociale, les chercheurs de l'Université Laval proposent
une série de pistes d'action basées principalement
sur la transparence, l'information et le dialogue.
La recherche démontre que d'autres éléments
peuvent contribuer au déclenchement d'un conflit: l'impact
appréhendé des projets sur la santé des populations,
sur les biens publics et privés (destruction de routes,
déboisement, dévaluation), sur les différents
usages du territoire et sur le développement socioéconomique
des régions. On constate par ailleurs que lorsque vient
le temps de faire émerger des solutions aux conflits, ce
sont généralement les séances des conseils
municipaux ou des soirées d'information qui sont le lieu
privilégié des débats. Plusieurs lacunes
ont été observées dans l'utilisation de ces
"instruments" qui, parfois même, remettent en
question certains principes de démocratie locale. L'étude
a également permis de constater que l'hermétisme
des règles de procédures administratives par lesquelles
doivent passer les projets engendre fréquemment une réaction
négative chez la population, ce qui entraîne de la
méfiance et l'opposition au projet.
Devant la multiplication des conflits, trois outils ont été
élaborés afin de soutenir les acteurs locaux, régionaux
et provinciaux dans leur recherche de solutions: une grille d'analyse
des conflits, un document de gestion de la cohabitation et une
liste des attentes en matière d'acceptabilité sociale.
De plus, une série de 32 pistes d'action susceptibles
de favoriser une meilleure cohabitation ont été
dégagées par les chercheurs de Laval. Leurs travaux
ont été réalisés dans le cadre de
l'action du groupe de travail provincial "Un environnement
à valoriser" découlant de la Conférence
sur l'agriculture et l'agroalimentaire québécois
de mars 1998.
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