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Sonia Beaudry, Pascale Brouillette et Michael Carbery, trois
finissants au baccalauréat en physiothérapie, occuperont
la scène de l'amphithéâtre Hydro-Québec
du pavillon Alphonse-Desjardins, le jeudi 6 décembre à
compter de 19 h. Tous trois parleront du stage humanitaire qu'ils
ont effectué au Centre national de réhabilitation
des handicapés de Yaoundé, au Cameroun en Afrique
noire, entre le 22 juin et le 28 août derniers. L'objectif
des stagiaires était d'abord d'observer la façon
d'exercer la physiothérapie dans un pays très différent
du nôtre et, si possible, de faire connaître, c'est-à-dire
d'implanter avec les moyens disponibles sur place, certains éléments
de la physiothérapie qui se pratique au Québec.
Les kinésithérapeutes de l'établissement
camerounais confectionnent des plâtres en plus de faire
des injections et de la réadaptation. Leur approche de
base consiste à appliquer de la chaleur, ensuite à
masser le patient. "Nous avons dû nous plier beaucoup
à leur façon de faire, mais nous avons refusé
de faire des injections pour des raisons d'hygiène, souligne
Pascale Brouillette. De plus, dans notre formation, nous ne faisons
jamais de massages. La chaleur, nous l'utilisons seulement lorsque
c'est nécessaire. Pour nous, la chaleur ne sert à
rien dans le cas d'un hémiplégique, une personne
dont un côté du corps ne répond plus. Pour
eux, c'est essentiel."
Sonia Beaudry abonde dans le même sens. Elle s'estime privilégiée,
comme Québécoise, d'avoir accès aux plus
récentes études permettant de traiter les patients
plus adéquatement. "Les patients à qui nous
avons fait comprendre l'utilité des exercices travaillaient
très fort, dit-elle. Certains se sont améliorés
beaucoup plus vite. Ce n'est pas en se faisant masser qu'on va
marcher de nouveau."
Le Centre accueille notamment les traumatisés de la moelle
épinière, soit des accidentés de la route
ou du travail devenus paraplégiques, hémiplégiques
ou quadraplégiques. On y trouve aussi des enfants atteints
de rachitisme. Comme ils ne boivent pas suffisamment de lait,
leurs genoux crochissent en grandissant. "0n plâtrait
ces enfants, précise Sonia Beaudry. On cassait les plâtres
à chaque semaine pour essayer de redresser les jambes.
Après, on les plaçait en attelles. Cette méthode,
développée là-bas pour le matériel
disponible, était excellente."
Des journées bien remplies
Chaque jour, les stagiaires de Laval confectionnaient
environ trois plâtres et traitaient une demi-douzaine de
patients. Ensuite, ils pouvaient se consacrer aux patients "permanents"
de l'établissement, c'est-à-dire aux quelque 60
personnes hébergées par le Centre pour des motifs
humanitaires et qui ne sont pas traitées parce qu'elles
n'ont plus d'argent. Précisons qu'au Cameroun, une personne
handicapée est considérée comme un indigent,
donc sans utilité sociale.
"Nous logions au Centre comme eux et nous avons créé
des liens - les plus beaux de notre voyage - avec eux", indique
Sonia Beaudry. Les adultes étaient âgés entre
20 et 40 ans. Le groupe comptait également cinq enfants.
"Nous allions les embrasser tous les soirs, indique Pascale
Brouillette. On leur faisait des dessins et on leur chantait des
chansons. Ils étaient comme nos enfants." Les stagiaires
se disent particulièrement fières de deux de ces
patients qui, à leur arrivée, se déplaçaient
en chaise roulante. "Il leur manquait juste une petite dose
de prise en charge qu'ils ne pouvaient pas se payer, rappelle
Sonia Beaudry. À notre départ, ils avaient quitté
le Centre, l'un en marchant et l'autre avec une béquille."
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