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"L'histoire orale valide notre culture, nos valeurs et
la réalité qui nous entoure, affirme Arlene Glenn,
une Inuit Iñupiat originaire de Point Barrow, une petite
localité située à l'extrême nord de
l'Alaska. En un sens, nous avons eu nos propres géologues,
biologistes des mammifères, historiens, spécialistes
de l'environnement, médecins de famille et botanistes.
Toutes ces professions requièrent apprentissage, compréhension
et observation. Nos aînés possèdent cette
connaissance et ces compétences."
Arlene Glenn est officier de liaison pour la Commission du North
Slope Borough sur l'histoire, la langue et la culture iñupiat
(IHLC). Le samedi 3 novembre, elle participait à une table
ronde au Manoir du Lac Delage, dans le cadre d'une conférence
spéciale de recherche organisée par le Groupe d'études
inuit et circumpolaires de l'Université Laval (GÉTIC).
La conférence avait pour thème: "Mémoires
et histoires du Nord". L'événement s'inscrivait
dans le cadre du projet de recherche "Mémoire et histoire
au Nunavut", subventionné par le CRSH et dont le GÉTIC
est le partenaire principal.
Un savoir à capter puis à partager
La Commission IHLC a vu le jour en 1977. Elle a pour mandat
de documenter, protéger et perpétuer les ressources
culturelles régionales au moyen de divers programmes et
activités. Ces ressources, qu'il s'agisse de la langue
iñupiat, de l'histoire orale ou de la recherche généalogique
et archéologique, reflètent, aux dires de la conférencière,
une culture arctique à la fois riche et unique. Cette culture,
précise Arlene Glenn, est basée sur le savoir traditionnel,
une expression qui peut se résumer en la somme des expériences
non consignées, des comportements et des observations accumulés
au fil du temps par le peuple iñupiat. Ce savoir s'est
transmis de personne à personne, mais aussi au moyen d'histoires
et de légendes. Il porte sur la loi et les techniques de
chasse aussi bien que sur les techniques vestimentaires et les
méthodes de navigation traditionnelles.
Un des premiers mandats de la Commission a consisté à
faire l'inventaire de l'utilisation traditionnelle du territoire.
L'exploration et l'exploitation pétrolière représentaient
alors une menace potentielle pour l'environnement et le mode de
vie de subsistance des Iñupiat. L'inventaire comprend notamment
les noms de lieux traditionnels, leur localisation cartographique
et les ressources existant à ces endroits. "Nous faisons
la révision et la mise à jour régulière
de l'inventaire et nous pouvons y référer dans les
cas de projets relatifs à l'utilisation du territoire et
au zonage", indique Arlene Glenn.
Conférences, mini-ateliers et programmes multimédia
La Commission IHLC organise chaque année des conférences
réunissant des jeunes, des aînés et des représentants
des communautés locales. Jusqu'à présent,
le contenu de deux conférences a fait l'objet d'une publication
bilingue iñupiaq-anglais. La Commission organise aussi
des mini-ateliers servant à la démonstration de
techniques non encore documentées. Il y a eu, entre autres,
des ateliers sur les techniques de couture et sur le procédé
de préparation des embarcations utilisées jadis
pour la chasse à la baleine.
Sur le plan éducationnel, la Commission diffuse notamment
des programmes multimédia offerts dans les bibliothèques
municipales. À l'aide d'un ordinateur, l'usager peut écouter
des enregistrements audio et suivre en même temps à
l'écran la version écrite du document. Deux de ces
programmes utilisent des images anciennes montrant des événements
traditionnels, des activités communautaires et des portraits
de familles. La Commission possède plus de 1 700 enregistrements
audio. La plupart sont en iñupiaq et 15 % sont disponibles
sous forme écrite. Les collections de la Commission comprennent
également plus de 12 000 photos anciennes et plus de 25
000 artefacts provenant de fouilles.
Lancé en 2000 à l'initiative du GÉTIC, le
projet de recherche "Mémoire et histoire au Nunavut"
a comme directeur universitaire le professeur d'anthropologie
François Trudel. Les deux partenaires du GÉTIC sont
le Nunavut Arctic College et la Société des aînés
d'Iqaliut. Ce projet a deux objectifs principaux: développer
un projet original d'histoire orale déjà en place
au Nunavut Arctic College, et permettre aux chercheurs du GÉTIC
de poursuivre de nouvelles recherches sur la mémoire et
l'histoire des Inuit du Nunavut. Le Nunavut est un nouveau territoire
créé en 1999. Il correspond au cinquième
de la superficie du Canada et couvre l'Arctique central et l'Arctique
de l'Est canadien.
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