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1 novembre 2001 ![]() |
Ils "trippent" voitures de course, mais pas pour
les mêmes raisons que le commun des mortels. Ils ne se demandent
pas quel pilote parviendra à mettre un terme à la
domination de Michael Schumacher, ni si la carrière de
Jacques Villeneuve est mal barrée. Ils sont plutôt
fascinés par l'analyse par éléments finis
du châssis et des pièces mécaniques, par la
modélisation de la suspension, par le calibrage des barres
antiroulis et par l'optimisation du collecteur d'admission. Bref,
ce sont de futurs ingénieurs.
La vingtaine d'étudiants du Département de génie
mécanique et du Département de génie électrique
et génie informatique qui composent l'équipe de
la Formule SAE de l'Université investissent sans compter
des centaines d'heures dans la mise au point de "leur"
voiture. Leur mission: participer à la plus grande compétition
étudiante de design automobile, la Formula SAE,
qui se déroulera en mai 2002 au Silverdome de Pontiac,
en banlieue de Détroit. Leur objectif: fabriquer le meilleur
véhicule possible en tenant compte des spécifications
imposées par l'organisateur, la Society of Automotive Engineers
(SAE). "C'est l'occasion de vérifier la valeur de
tout ce que l'on a conçu et réalisé pendant
des mois en le soumettant au jugement des spécialistes
de l'industrie automobile", explique le responsable de l'équipe,
Éric Moisan. Les juges de cette compétition proviennent
des trois grands de l'industrie automobile américaine:
General Motors, Ford et Daimler-Chrysler.
Du 100 km en moins de 5 secondes
Chez SAE-Laval, comme chez les vrais constructeurs automobiles,
plusieurs équipes travaillent simultanément à
la conception et à la réalisation des différents
systèmes du véhicule. Des étudiants en marketing
et en information et communication s'occupent même des questions
de financement, de gestion et de promotion. "Notre budget
pour toute l'opération dépassera 40 000 $ cette
année", précise Éric Moisan.
L'écurie Formule SAE-Laval en est à sa 11e participation
à cette compétition. Pour la première fois,
des étudiants non universitaires ont collaboré à
la construction de certains éléments du bolide.
En effet, des étudiants du Cégep de Saint-Jérôme
et du Centre de formation professionnelle des Moulins de Terrebonne
ont mis l'épaule à la roue en fabriquant la carrosserie,
le siège ainsi que le réservoir à essence.
"Tous ceux qui participent au projet vivent une expérience
unique qui les prépare très bien au marché
du travail, insiste Éric Moisan. La principale motivation
des étudiants est justement de vivre une expérience
concrète de travail. Ce qui nous rassemble est le goût
d'apprendre, bien plus que l'attrait de la course automobile.
Dans toute l'équipe, il n'y a que deux étudiants
qui suivent la F1."
À la suite des résultats décevants de la
dernière compétition, la voiture SAE-Laval a été
complètement redessinée cette année. Le bolide
qui représentera l'Université à la compétition
de 2002 possède un moteur quatre cylindres à 16
soupapes, d'une puissance maximale de 85 chevaux à 9500
tours/min, il accélère de 0 à 100 km/h en
moins de 5 secondes et sa vitesse maximale flirte avec les 200
km/h. "Nous visons une place parmi les 20 premiers",
déclare Éric Moisan.
La commande est de taille, compte tenu de la qualité des
quelque 150 équipes américaines, canadiennes et
mexicaines qui participent à la compétition. En
1998, l'équipe de Laval avait terminé au 57e rang,
et en 2000, elle avait glissé au 95e rang. "La compétition
n'a lieu qu'en mai 2002, mais, selon moi, les étudiants
ont déjà gagné, estime Pierre Moreau, doyen
de la Faculté des sciences et de génie. Ils ont
gagné parce qu'ils ont eu la chance de travailler avec
des étudiants de trois niveaux d'enseignement différents.
Ils ont gagné parce que, en accord avec la philosophie
de formation de notre faculté, ils sont allés au-delà
du contenu des cours pour développer d'autres compétences
essentielles. Enfin, ils ont gagné parce que cette aventure
constitue pour eux un souvenir impérissable et une immense
source de fierté."
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