1 novembre 2001 |
Le cerveau possèderait son propre système de
défense contre les envahisseurs, vient de démontrer
une équipe de recherche de la Faculté de médecine.
Ce système orchestrerait l'élimination des bactéries
et des virus qui s'infiltrent jusqu'au cerveau. Malheureusement,
dans certaines circonstances, ce système pourrait se retourner
contre les neurones et causer la plupart, sinon l'ensemble, des
maladies neurodégénératives.
"Nous croyons que lorsque ce système s'emballe, il
cesse de reconnaître ses propres neurones et, au lieu de
les protéger, il les attaque, explique le chercheur Serge
Rivest, titulaire de la Chaire en neuroimmunologie. Ces agressions
chroniques provoquent la destruction progressive et lente des
neurones, caractéristique de la plupart des maladies neurodégénératives,
notamment la sclérose en plaque, la sclérose latérale
amyotrophique, la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson."
Première démontration
Chercheurs au Centre de recherche du CHUL, Sylvain Nadeau
et Serge Rivest publient, dans un récent numéro
de la revue FASEB Journal, les détails du mode de
fonctionnement de ce système. Les responsables de la publication
officielle de la Federation of American Societies for Experimental
Biology ont jugé l'étude importante au point de
lui consacrer la page couverture de juin 2001.
"Nous faisons la première démonstration de
l'existence du système de complément dans le cerveau",
explique Serge Rivest. Le chercheur signale que l'activation du
système de complément fait partie de la réponse
standard de l'organisme lorsqu'il est envahi par un corps étranger.
Dans leur article, les deux chercheurs décrivent les mécanismes
d'activation de ce système dans le tissu nerveux. "On
soupçonnait depuis un bon moment l'existence d'un tel système
parce que les protéines du système de complément
ne franchissent pas la barrière hémato-encéphalique
qui entoure le cerveau et pourtant, certaines de ces protéines
avaient déjà été trouvées dans
le cerveau, poursuit Serge Rivest. C'est loin d'être un
système aussi bien structuré que celui retrouvé
ailleurs dans le corps, mais il est tout de même efficace.
Chose certaine, on a longtemps cru que le cerveau était
dénué de système immunitaire. Il y a dix
ans, on faisait rire de nous quand on avançait cette possibilité.
Maintenant, nos travaux prouvent bel et bien que ça existe."
Nouveaux horizons
La mise en évidence d'un système immunitaire
dans le cerveau ouvre de nouvelles perspectives en recherche sur
les maladies neuro-dégénératives. "Les
recherches sur l'Alzheimer tournent en rond depuis quelque temps,
avance Serge Rivest. Notre découverte pourrait relancer
les recherches sur de nouvelles bases. La réponse inflammatoire
du système immunitaire pourrait être un dénominateur
commun à toutes les maladies neurodégénératives."
Une dizaine d'étudiants-chercheurs et de professionnels
de recherche travaillent présentement dans l'équipe
de Serge Rivest pour sonder cette avenue. "Nous faisons de
la recherche fondamentale pure et dure, dit-il. On n'arrivera
pas avec de nouveaux médicaments demain matin. Cependant,
si nous réussissons à mieux comprendre la série
d'événements qui conduit à la mort des neurones,
il sera plus facile d'arriver avec des produits qui peuvent bloquer
cette cascade."
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