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18 octobre 2001 ![]() |
Les acides gras de type oméga-3, qui abondent dans le poisson,
constituent une sorte de vaccin contre les maladies cardiaques,
mais ses effets sont éphémères de sorte qu'il
faut régulièrement renouveler la dose. Voilà,
en termes simples, l'heureuse conclusion qu'il faut tirer de la
dernière étude menée par l'équipe
d'Éric Dewailly sur les Inuits du Nord du Québec.
Depuis longtemps, les chercheurs qui s'intéressent aux
Inuits ont noté qu'ils consomment beaucoup de gras animal
et qu'ils souffrent d'obésité (près de la
moitié de la population) sans pour autant être particulièrement
affligés du côté santé cardiovasculaire.
À titre d'exemple, la prévalence de ces maladies
est deux fois plus faible au Nunavik que dans le reste du Québec.
La clé de ce paradoxe serait les acides gras de type oméga-3,
révèle l'équipe d'Éric Dewailly dans
le numéro d'octobre de la revue The American Journal
of Clinical Nutrition.
Des chercheurs de Laval publient la première étude de population qui établit clairement l'effet positif des acides gras oméga-3 sur les facteurs de risques des maladies cardiovasculaires
Éric Dewailly, Carole Blanchet, Simone Lemieux, Louise
Sauvé, Suzanne Gingras, Pierre Ayotte, des facultés
de Médecine et des Sciences de l'agriculture et de l'alimentation,
et leur collègue de l'University of Guelph, Bruce John
Holub, ont mesuré la concentration de deux acides gras
oméga-3 dans le sang de 426 Inuits du Nunavik. Ces deux
composés, l'EPA (acide eicosapentanoique) et le DHA (acide
docosahexanoique) abondent dans les poissons et les mammifères
marins qui font partie de l'alimentation traditionnelle de ce
peuple.
Les chercheurs ont ainsi découvert que ces deux acides
représentent 7 % des phospholipides sanguins chez les Inuits
contre seulement 2 % chez les résidants du sud du Québec.
"Les Inuits plus âgés ont des concentrations
plus élevées que les jeunes, signale Éric
Dewailly. Nous croyons que cela reflète directement leur
consommation de poissons et de mammifères marins. Les plus
jeunes ont tendance à consommer davantage de produits provenant
de l'épicerie."
Plus important encore, les résultats démontrent
que la concentration des deux acides gras oméga-3 est directement
reliée au taux de bon cholestérol et inversement
reliée au taux de triglycérides (mauvais pour le
coeur). Il s'agit de la première étude de population
qui établit clairement l'effet positif des acides gras
oméga-3 sur les facteurs de risques des maladies cardiovasculaires,
souligne Éric Dewailly. L'éditorial du numéro
courant de The American Journal of Clinical Nutrition salue
d'ailleurs les travaux de cette équipe et invite les médecins
à prendre conscience de l'immense potentiel des acides
gras oméga-3 dans la lutte mondiale contre les maladies
cardiovasculaires.
Il semble que deux repas de poisson par semaine suffiraient à
produire l'effet protecteur attribué aux acides gras oméga-3.
Les végétariens ne sont pas forcément en
reste puisque l'acide linoléique, présent dans l'huile
de canola, de soya, de lin et de noix, est métabolisé
en EPA et en DHA par l'organisme.
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