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18 octobre 2001 ![]() |
LES " HOOLIGANS " DE LAVAL
Quel beau succès le football Rouge et Or de l'Université
Laval. Les plus grandes foules au football universitaire canadien,
un championnat canadien après seulement quatre années
d'existence, une fierté collective peu commune, un bel
exemple de partenariat entre l'Université et les gens d'affaires
de Québec, une soixantaine d'étudiants athlètes
engagés à réussir leur double vocation, un
encadrement professionnel et compétent. Oui, c'est un beau
chapitre dans l'histoire sportive de l'Université Laval.
Une seule ombre au tableau commence toutefois à ternir
cette belle image. Le comportement grossier, vulgaire et agressif
d'un certain nombre de partisans à l'endroit des visiteurs
au stade du PEPS. Malheureusement, la réputation de Laval
à ce chapitre est déjà mauvaise. Les équipes
des autres universités, tant au Québec que d'ailleurs
au Canada, se plaignaient l'an dernier de cette hostilité
démesurée dans le contexte du sport universitaire.
Quelques entraîneurs ont même exprimé des craintes
pour la sécurité de leurs joueurs et de leur personnel.
Les dirigeants de l'équipe ont bien corrigé cette
année, avec le réaménagement du stade, la
circulation des joueurs adverses à leur entrée et
à leur sortie du terrain. Les joueurs semblent mieux protégés
contre les " intempéries " des partisans plus
éméchés. Car, il semble bien que la bière
qui coule à flot pourrait, dans certains cas, être
à l'origine de ces comportements belliqueux à outrance.
Les adversaires sportifs du Rouge et Or ne sont pas des ennemis
jurés. Ces jeunes étudiants universitaires font,
comme ceux du Rouge et Or, d'énormes sacrifices pour pouvoir
continuer de pratiquer leur sport préféré.
Ce n'est pas leur gagne-pain. La grossièreté, la
vulgarité et l'agressivité qui se manifestent actuellement
à leur endroit pourraient facilement dégénérer
en " hooliganisme " envers des partisans accompagnant
les équipes qui viennent à Québec. Si la
tendance se maintient
Notre support à l'équipe et notre participation
au spectacle, qu'est devenu le match dominical du Rouge et Or,
doivent s'exprimer dans le plaisir, l'enthousiasme et l'exubérance
normale de notre fierté d'appuyer l'un des meilleurs programmes
de football universitaire au Canada. Ce n'est pas incompatible
avec le respect des adversaires et de leurs partisans.
QUESTIONS DE "BLACKLASH"
À la suite des attaques du 11 septembre dernier contre
le World Trade Center et le Pentagone, aux États-Unis,
on assiste à un backlash anti-arabe, plus particulièrement
dans les pays de l'hémisphère occidental. Qu'est-ce
que le backlash? C'est le choc de retour ou le contrecoup
par rapport à quelque chose et qui vise quelqu'un. C'est
un mot anglais qui n'a pas d'équivalent en français.
Le backlash survient toujours à la suite d'un événement
ou d'une situation particulière. Il vise les gens qui sont
concernés, directement ou indirectement, à tort
ou à raison. En tant que manifestation de l'esprit, il
est soutenu par l'animosité. Celle-ci s'appuie sur les
différences pour se manifester. Il tend aussi à
se généraliser. Il peut entraîner des conséquences
néfastes pour ses victimes.
Le backlash est un phénomène qui peut affecter
n'importe qui, pourvu qu'il y ait des événements
ou des situations qui s'y prêtent. Ainsi, il y a les backlash
anti-juif et anti-allemand liés au nazisme, le backlash
anti-japonais lié à l'attaque de Pearl Harbor par
l'aviation japonaise, le backlash anti-chinois (ou asiatique)
lié au communisme, le backlash anti-français
et britannique lié au colonialisme, le backlash
anti-italien lié à la mafia, etc. il y a même
eu un backlash anti-canadien-français lié
à l'émigration des Canadiens français en
Nouvelle-Angleterre. En fait, entre la seconde moitié du
dix-neuvième siècle et la première moitié
du vingtième siècle, il y a eu près d'un
million de Canadiens français qui ont émigré
aux États-unis. Ils se sont dirigés vers la Nouvelle-Angleterre,
parce qu'à cette époque, il y avait là-bas
un développement important, donc un grand besoin de main-d'oeuvre,
surtout à bon marché. La province de Québec
de cette soufrait d'un taux de chômage très élevé.
Une fois arrivés en Nouvelle-Angleterre, les immigrants
canadiens français ont été traités
par les gens sur place avec animosité, On leur reprochait
de venir aux États-unis pour profiter du système
et surtout pour voler les jobs des Américains. Et comme
ces immigrants canadiens-français tenaient mordicus à
leur langue maternelle, le français, on leur reprochait
aussi de ne pas s'intégrer à la société
américaine.
Notons ici que la population de la Nouvelle-Angleterre de cette
époque était composée en grande majorité
de gens d'ascendances écossaise et irlandaise, donc de
race blanche et catholique. Beaucoup d'entre eux étaient
des immigrants de fraîche date. Devant une telle situation,
les immigrants canadiens-français furent obligés
de jouer à fond la "carte américaine",
et ce, dans le but de se faire accepter un peu mieux. Ils sont
allés jusqu'à cacher leur origine francophone en
changeant de nom et de prénom. C'est ainsi que les Jean
Fortier sont devenus des John Foster et les Jacques Lebrun, des
James Brown. Au travail comme dans la rue, ils s'exprimaient volontiers
en anglais et non plus en français. Aujourd'hui, quiconque
se trouve en Nouvelle-Angleterre peut remarquer le fait suivant:
il n'y a plus de backlash anti-canadien-français,
pour la simple raison qu'il n'y a plus, là-bas, de Canadiens
français. Par contre, il y a des Américains d'ascendance
canadienne-française, donc beaucoup de John Foster et de
James Brown. Quant au français, il n'est plus parlé
par personne, excepté chez quelques personnes très
agées.
Voilà un exemple concernant un backlash lié à
une situation particulière à caractère économique,
entre des gens qui se ressemblent à bien des égards
(de race blanche et catholiques). Quant au backlash anti-arabe
à l'heure actuelle, on doit se demander s'il survient après
l'attaque terroriste contre le World Trade Center et le Pentagone
ou s'il est lié aux "images négatives"
sur l'Islam et les Arabes. Du reste, il n'est pas farfelu de se
demander aussi si, avec le courant anti-mondialisation, nous n'assisterons
pas un jour à un backlash anti-américain
lié au capitalisme.
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