18 octobre 2001 |
Les Presses de l'Université Laval, en collaboration
avec le Fonds Gérard-Dion, viennent de publier un autre
ouvrage thématique dans la collection "Atlas historique
du Québec". Intitulé La paroisse, ce
livre de près de 300 pages, illustré de nombreuses
photographies d'époque, de figures et de tableaux, retrace
l'origine, l'organisation et le rôle de l'institution paroissiale
dans l'histoire de la société québécoise,
des débuts de la Nouvelle-France jusqu'au Québec
d'aujourd'hui. Les textes ont été rédigés
par dix-sept spécialistes universitaires, dont huit de
Laval.
Le professeur titulaire du Département de géographie,
Serge Courville, également chercheur associé au
Centre interuniversitaire d'études québécoises,
a assuré la codirection de ce projet. Il rappelle que ce
livre a fait l'objet d'une lente gestation parce que les chercheurs
s'étaient rendu compte qu'ils avaient entre les mains
un sujet éminemment complexe. "Il s'agit d'une institution
multiforme dans sa réalité concrète et dans
ses significations, explique-t-il. Je pense que la paroisse est
un sujet sans fin, tellement riche de vécus et qui en plus
fait la transition entre la Terre et le Ciel. Comme le rang autrefois,
la paroisse a constitué un fondement de la société
canadienne-française, une sorte de monde en soi qui avait
valeur de référentiel spatial pour l'individu."
La paroisse catholique dans la vallée du Saint-Laurent
Dès 1615, des ecclésiastiques sont à
l'oeuvre dans la vallée du Saint-Laurent dans des cadres
paroissiaux rudimentaires. En 1664, la première paroisse
de la colonie, celle de Notre-Dame de Québec, est officiellement
érigée. Après la Conquête, l'administration
britannique, dans une approche utilitariste, conserve la paroisse
en milieu rural et s'appuie sur elle pour structurer l'espace.
À cette époque, l'érosion des berges et les
débordements du fleuve au printemps, quand ce n'était
pas un problème de sol argileux instable, ont signifié
dans plusieurs cas l'abandon des bâtiments religieux et
la relocalisation des lieux de culte. L'église de Saint-Augustin-de-Desmaures,
érigée près du fleuve en 1719, fut ainsi
abandonnée en 1816.
La paroisse se trouve au coeur de la vie politique, sociale et
religieuse. D'un point de vue symbolique, elle peut se comparer
à un grand monastère. Le clocher de l'église
fait figure de phare pour les pêcheurs et les marins, et
de point de repère en hiver. C'est aussi l'oeil de Dieu
qui observe les fidèles. Si la plupart des paroissiens
sont inhumés au cimetière, certains ont pour demeure
éternelle le sous-sol de l'église. À Kamouraska,
par exemple, 150 personnes ont été ensevelies sous
les bancs de l'église entre 1795 et 1900.
Les propagateurs de la foi trouvent dans la paroisse l'argent
et les vocations nécessaires à l'accomplissement
de leur oeuvre. À Montréal en 1844, des soeurs grises
partent en direction du Manitoba dans des canots d'écorce.
En 1868, les zouaves qui vont porter secours au pape en Italie
soulèvent la ferveur populaire. Lors du Congrès
eucharistique de 1910, on assiste à la procession de 30
000 enfants dans les rues de la métropole.
L'ouvrage prend fin avec la paroisse franco-américaine.
Cette institution a été au coeur du mouvement d'émigration
massive des Canadiens-Français dans les villes manufacturières
du nord-est des États-Unis durant la seconde moitié
du 19e siècle. Elle fut à juste titre surnommée
la "forteresse de la race".
De la Côte-Nord au Nunavik
Le Nord - habitants et mutations est le titre de la
prochaine parution dans la collection thématique "Atlas
historique du Québec". Cet ouvrage de plus de 200
pages sortira au mois de décembre. Il est le fruit d'une
collaboration entre les Presses et le Groupe d'études inuit
et circumpolaires de l'Université Laval. Il contient des
tableaux, des figures et des cartes ainsi que de nombreuses photos
d'archives. Onze spécialistes, la plupart de Laval, signent
les textes.
"L'aspect le plus important de ce livre est qu'il fait la
synthèse des connaissances disponibles sur le nord du Québec",
indique le directeur du projet, Gérard Duhaime, professeur
au Département d'économie agroalimentaire et sciences
de la consommation, et titulaire de la Chaire Louis-Edmond-Hamelin.
"On sait beaucoup de choses sur le sujet, ajoute-t-il, mais
ces connaissances sont très dispersées dans différents
champs disciplinaires."
La première partie de l'ouvrage porte sur les habitants
du Nord, soit les peuples innu-montagnais, cri, naskapi et inuit.
On peut lire que la présence d'Innus-Montagnais sur la
Côte-Nord remonte à environ 9 000 ans. Leur premier
centre d'évangélisation se trouve à Tadoussac,
où se trouve également le poste de traite des fourrures.
Les Cris de la baie James ont pour unité sociale de base
le groupe de chasse. Celui-ci est formé de trois ou quatre
familles et placé sous l'autorité d'un homme de
sagesse. Les Naskapis de l'Ungava se distinguent des autres peuples
amérindiens de la région subarctique par une certaine
indépendance vis-à-vis des missionnaires et des
commerçants de fourrures. Les Inuit du Nunavik, eux, évoluent
parmi des paysages mythiques, entre autres une rivière
née à la suite du coup de hache, d'un géant
irrité, dans la montagne rocheuse.
La seconde partie du livre se penche sur la question des mutations
du territoire nordique. Selon Gérard Duhaime, les autochtones
ont joué un rôle d'abord actif, puis passif dans
l'exploitation des ressources naturelles. "Ils furent un
rouage essentiel dans l'économie de la traite des fourrures
et des industries subséquentes, y compris l'hydro-électricité,
indique-t-il. On les a ensuite tassés pour s'emparer des
ressources."
L'ouvrage souligne que de 1550 à 1950 les principaux et,
bien souvent, les seuls contacts que les Euro-Canadiens ont eus
avec les peuples autochtones avaient pour cadre la traite des
fourrures. Par ailleurs, le passage du mode de vie nomade autochtone
à la sédentarisation symbolise l'ensemble des changements
profonds amenés par la colonisation.
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