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11 octobre 2001 ![]() |
La Galerie des arts visuels de l'Université Laval accueille,
jusqu'au 28 octobre, l'exposition "Je pense parce que je
sens" qui regroupe, à l'initiative du commissaire
indépendant Serge Légaré, les oeuvres de
six artistes chevronnés dont les pratiques très
diverses ont pour dénominateur commun l'exploitation des
nouvelles technologies. "Le titre de l'exposition vise à
redonner force de loi à la faculté humaine du sentir
qui définit l'essence de l'esthétique dans la pensée
artistique, même quand cette dernière fait appel
aux technologies numériques, fait valoir le texte de présentation
de l'événement. À la mise en branle des fonctions
multisensorielles, visuelle, tactile et sonore, s'ajoutent ici
la sollicitation des actions motrices du spectateur qui devient
un agent important dans la constitution des oeuvres présentées
car la majorité de celles-ci ont été créées
sous le sceau de l'interactivité."
Avec Snow Mobile, Éric Gagnon, de Québec,
situe le spectateur-acteur au coeur d'un dispositif spatial
enveloppant où la saisie de ses mouvements en temps réel
par une caméra, influe sur la formation d'une animation
picturale tout en fluidité reconstruite à chaque
instant numériquement par la projection d'un canon vidéo
sur un écran de plexiglass. Mario Bergeron, également
de Québec, propose une oeuvre intitulée Pause
dans laquelle une animation par ordinateur bombarde des impressions
numériques grand format. Le visiteur se trouve confronté
alors à une démultiplication kaléidoscopique
d'une seule photographie numérique qui a servi d'image-source
tant pour ses variations imprimées que pour les séquences
disloquées et redondantes qui s'y télescopent.
Dans Zones franches, un dispositif multimédia, l'artiste
montréalais Jean Dubois convie le spectateur à
une rencontre intime avec un corps féminin virtuel et sa
mémoire par le déplacement du doigt sur un écran
tactile. Par l'entremise d'une quasi-sensualité, l'oeuvre
explore la médiation technologique des relations interpersonnelles.
Marie-Christiane Mathieu, de Montréal, s'intéresse
quant à elle à l'hybridation de deux types d'images
virtuelles: l'holographique et le numérique. Son oeuvre
intitulée Soup(e), utilise un bol holographique
dans lequel l'utilisateur, par la manipulation d'une souris, a
le loisir de faire apparaître ce qu'elle contient jusqu'à
saturation.
Robert Saucier, né au Nouveau-Brunswick, présente
Still can't fly, une oeuvre comportant détecteurs
de présence, contrôles électroniques et lecteur
cd. Cette installation robotique plonge le spectateur dans une
relation avec une voiture aux déplacements tellement lents
qu'exaspérants, pendant qu'un enregistrement sonore relate
des événements qui ont fait la manchette d'un journal
depuis 1951. Finalement, avec Somewhat Sym/metrical Systems,
un tryptique de photographies grand format traités numériquement,
Lynn Hughes, originaire de Vancouver, soutient une réflexion
sur l'incidence de la technologie sur l'identité humaine.
Ses imposantes impressions numériques de jumelles brouillent
les frontières entre les polarités binaires du même
et de son double tout en invitant subtilement le spectateur à
réfléchir sur les identités sexuelles marginalisées,
l'auto-érotisme, les relations entre même sexe, voire
sur l'inceste.
À l'exception d'Éric Gagnon qui est chercheur à
la Bande Vidéo de Québec, tous les artistes enseignent
les arts plastiques et médiatiques dans des universités
québécoises, soit à l'Université Laval
(Bergeron) à l'Université Concordia (Hughes) et
à l'UQÀM (Dubois, Mathieu et Saucier. L'exposition
"Je pense parce que je sens" bénéficie
du support financier du Conseil des arts et des lettres du Québec,
du VIe Congrès mondial de l'Association internationale
de sémiotique visuelle et de l'École des arts visuels
de l'Université Laval. Cette exposition est complémentqaire
au colloque "Plasticité, sémiotique et nouvelles
technologies", organisé par Serge Légaré,
un événement qui se déroulera le 16 octobre
à Québec dans le cadre du Congrès mondial
de l'AISV qui se tient du 15 au 21 octobre. La Galerie des arts
visuels est située dans l'Édifice La Fabrique, au
255, boulevard. Charest Est.
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