4 octobre 2001 |
Deux chercheurs de la Faculté de médecine viennent
de démontrer le rôle clé joué par une
enzyme dans l'apparition du phénomène de résistance
à l'insuline chez les individus obèses. André
Marette et Mylène Perreault, du Centre de recherche du
CHUL, ont découvert que l'obésité induite
par un régime riche en graisses provoque la production
de cytokines par les cellules adipeuses qui, à leur tour,
stimulent l'expression d'une enzyme. Cette enzyme, appelée
forme inductible des synthases du monoxyde d'azote (iNOS), produit
des quantités anormales de monoxyde d'azote qui entravent
l'action de l'insuline, empêchant le glucose de pénétrer
à l'intérieur des muscles; s'ensuit ce que les scientifiques
ont appelé le syndrome de résistance à l'insuline.
La résistance à l'insuline met la table au diabète
de type 2; chez les personnes qui en souffrent, le pancréas
ne parvient plus à sécréter suffisamment
d'insuline pour maintenir un taux normal de sucre dans le sang.
Présentement, 150 millions de personnes à travers
le monde seraient atteintes de diabète de type 2 et l'Organisation
mondiale de la santé prévoit qu'il y en aura 300
millions en 2025, en raison de l'épidémie d'obésité.
Environ 75 % des personnes qui souffrent de ce type de diabète
meurent subséquemment de maladies cardiovasculaires.
André Marette et de Mylène Perreault ont démontré
le rôle de iNOS chez des souris de laboratoire. Pour y arriver,
ils ont servi un régime riche en graisses à des
souris normales, qui sont devenues obèses et qui ont ensuite
manifesté des symptômes de résistance à
l'insuline. Ils ont soumis au même régime des souris
transgéniques chez qui le gène qui code pour l'enzyme
iNOS avait été supprimé. Ces souris sont
elles aussi devenues obèses, mais sans montrer de signes
de résistance à l'insuline. André Marette
est convaincu que les mêmes mécanismes interviennent
dans l'apparition de la résistance à l'insuline
chez l'humain puisqu'on retrouve ces gènes et ces enzymes
chez la souris et chez l'homme, signale-t-il.
Bloquer iNOS
La découverte d'André Marette et de Mylène
Perreault, publiée dans l'édition d'octobre de la
revue Nature Medicine, risque d'avoir d'importantes répercussions.
"Il s'agit de la première démonstration in
vivo du rôle d'iNOS dans l'apparition du syndrome d'insulino-résistance,
signale André Marette. Notre découverte risque d'avoir
une incidence clinique puisque 85 % des cas de diabète
de type 2 sont attribuables à l'obésité.".
Qui dit gène ou enzyme dit cible pharmaceutique. De ce
côté, l'industrie a déjà un bout de
chemin de fait puisqu'il existe déjà des inhibiteurs
des synthases du monoxyde d'azote, étant donné qu'elles
interviennent aussi dans des maladies de type inflammatoire comme
l'arthrite, explique André Marette. "Il faudra cependant
trouver des bloqueurs spécifiques à l'enzyme iNOS
qui n'affectent pas les deux autres types de synthases du monoxyde
d'azote. Ces dernières jouent des rôles très
utiles dans l'organisme."
"Notre découverte n'empêchera pas l'obésité,
prévient le chercheur. Elle permettra cependant d'éviter
certaines des conséquences les plus néfastes de
l'obésité sur la santé."
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