Cette spécialiste de la chimie des aliments,
supervisée par Yves Desjardins, du Département
de phytologie, travaille depuis bientôt sept ans sur les
propriétés antioxydantes de la fraise. "Les
antioxydants sont des composés naturels qui contrecarrent
l'action des radicaux libres dans les cellules, explique-t-elle.
Ils préviendraient les cancers ainsi que certaines maladies
associées au vieillissement." La recherche de Claire
Hébert s'insère dans un projet plus vaste initié
par Agriculture Canada, en partenariat avec l'entreprise Fraises
Île d'Orléans. "Les chercheurs du ministère
tentaient de créer une variété de fraises
qui se conserveraient plus longtemps après la cueillette
et qui toléreraient mieux la manutention et le transport.
Ils ont sélectionné une vingtaine de variétés
qui présentaient un certain potentiel. Comme je m'étais
déjà intéressée aux antioxydants
de la fraise pendant ma maîtrise, j'ai eu l'idée
de tester la concentration des six principaux antioxydants dans
les variétés qu'ils étudiaient."
À partir de 1998, l'étudiante-chercheure a donc
passé au peigne fin ces différentes variétés,
ce qui lui a permis de mettre en lumière la concentration
particulièrement élevée d'acide ellagique,
d'épicatéchine et de catéchine dans la variété
l'Authentique d'Orléans. "La présence de ces
composés antioxydants n'affecte pas la saveur du fruit,
estime l'étudiante-chercheure qui a littéralement
goûté son sujet d'études, à plusieurs
reprises. C'est cependant une variété dont le fruit
est plus dur parce qu'elle a été sélectionnée
afin de mieux se conserver après la récolte."
Ses recherches lui ont aussi permis d'identifier des polymères,
formés d'un mélange d'antioxydants, qui conféreraient
des propriétés antifongiques aux fraises. "Ces
polymères pourraient donc servir de marqueurs pour identifier
rapidement en laboratoire des variétés de fraises
résistantes aux maladies. Présentement, ça
prend parfois plusieurs années avant qu'on réalise
qu'une variété est susceptible aux maladies fongiques."
Des essais de productivité au champ effectués avec
l'Authentique d'Orléans ont donné de bons résultats
au Canada, aux États-Unis et en Europe. Il se pourrait
donc que, dès l'an prochain, cette variété
arrive sur les tablettes des épiceries...ou des pharmacies!
JEAN HAMANN
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