27 septembre 2001 |
Le 4 novembre prochain, 39 postes de conseillers municipaux
seront en jeu en cette journée d'élections à
la nouvelle ville de Québec. Quatorze femmes représenteront
le Renouveau municipal de Jean-Paul L'Allier contre cinq pour
l'Action civique d'Andrée Boucher.
Cette faible représentation de la gent féminine
n'étonne guère Nicole Brais, géographe de
formation, chercheure postdoctorale rattachée au Centre
de recherche en aménagement et en développement
(CRAD) et membre du collectif Femmes et restructurations municipales,
un organisme créé notamment par la Chaire d'étude
Claire-Bonenfant sur la condition des femmes. "Les femmes
représentent actuellement 10 % de l'ensemble des maires
et 23 % de l'ensemble des conseillères municipales au Québec,
indique-t-elle. Ces proportions ont beaucoup augmenté depuis
1980, mais elles plafonnent depuis quelques années. Cela
reflète le fait que l'on approche de la limite du bassin
de candidates qui ont une âme de pionnière et qui
sont prêtes à s'inscrire dans la façon actuelle
de faire de la politique, soit une approche masculine axée
sur les débats et la confrontation."
Des obstacles structurels et psychologiques
De multiples raisons peuvent expliquer la sous-représentation
des femmes en politique. La conciliation entre le travail et la
vie familiale en est une. À Hull dernièrement, Nicole
Brais a entendu des candidates aux élections municipales
de la nouvelle ville dire qu'elles se lancent en politique maintenant
que leurs enfants sont élevés. "Cela ressort
vraiment beaucoup, dit-elle. N'ayant plus ces responsabilités,
les femmes peuvent mieux entrer dans le mode de fonctionnement
actuel de la politique."
Il y a également les freins que s'imposent les femmes,
entre autres celui de la compétence, un mythe, selon la
chercheure. "Les femmes ne semblent jamais assez compétentes,
souligne-t-elle. En politique municipale, il faut savoir réfléchir,
avoir du jugement. Pas besoin d'être un professionnel en
loisirs, par exemple, pour en parler."
Nicole Brais rappelle que des candidates pour la nouvelle ville
de Lévis se sont présentées d'abord comme
des personnes sans expérience en politique. "C'est
toujours un peu ce réflexe de mettre en avant ce qui nous
manque plutôt que ce qu'on a à apporter", explique-t-elle.
Elle a également entendu quelques femmes ministres dire
qu'une femme approchée par un parti politique a le réflexe
suivant: "Est-ce que je suis capable, est-ce que je peux
apporter quelque chose?". "Les hommes, apparemment,
vont plutôt regarder ce que ça leur apporte, ajoute-t-elle.
De plus, des femmes candidates ont dit qu'il faut être capable
de se battre si on veut faire de la politique, parce que c'est
de la "guerre civilisée", pour reprendre le mot
de la ministre Louise Harel. Selon moi, c'est comme valoriser
un modèle de l'exception. D'autant plus que parler de guerre,
même civilisée, n'aide pas à attirer des candidates."
Des mécanismes pour augmenter le nombre de femmes
Parce qu'elles sont en nombre insuffisant, les femmes en politique
municipale ont du mal à faire avancer les dossiers qui
leur tiennent à coeur (pauvreté, logement social,
vieillissement de la population, sécurité des lieux
publics, égalité en emploi dans les organismes publics,
etc.).
Selon la chercheure, attirer davantage de femmes en politique
passe par des mesures qui s'attaquent aux causes structurelles
du problème. Par exemple, adopter un programme de remboursement
des frais de garde pour les personnes qui siègent aux instances
consultatives. Une autre façon d'atteindre cet objectif
serait d'offrir des lieux d'engagement. À Québec,
les conseils de quartier, où siègent un nombre égal
d'hommes et de femmes, permettent justement de se familiariser
avec les rouages de la politique municipale. "Ce sont des
lieux d'apprentissage où l'on côtoie les conseillers
municipaux et les fonctionnaires, et qui permettent de connaître
les dossiers, explique Nicole Brais. Les candidates de l'équipe
L'Allier, Odile Roy et Ann Bourget, sont passées par là."
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