27 septembre 2001 |
Ainsi donc, les astronautes ronfleraient beaucoup moins en
apesanteur que sur Terre, annonçait récemment une
revue américaine de pneumologie. Bonne nouvelle pour l'équipage,
mais de peu d'utilité pour les humains cloués au
sol avec ce problème. Ce constat révèle cependant
un fait intéressant: les problèmes respiratoires
pendant le sommeil dépendent parfois d'un jeu de forces
et de pressions influencées par la position du dormeur.
Frédéric Sériès et Isabelle Marc,
du Centre de recherche de l'Hôpital Laval, viennent d'ailleurs
de démontrer qu'une nouvelle machine, tout à fait
terrestre celle-là - un appareil de pression positive continue
automatique -, s'avérait surtout utile chez les personnes
dont les problèmes d'apnée surviennent dans des
phases précises du sommeil ou lorsque le corps adopte certaines
positions.
"L'apnée du sommeil frappe environ 8 % des hommes
et 4 % des femmes, rappelle Frédéric Sériès.
Elle cause des problèmes de somnolence diurne, de concentration,
de fatigue et de dépression. Pire encore, l'apnée
non traitée entraîne des modifications physiologiques
permanentes qui provoquent de l'hypertension, le jour comme la
nuit. C'est dire l'importance de traiter le problème rapidement
avant qu'il ait des répercussions très graves pour
la santé."
Chaque semaine, une dizaine de patients, qui consultent ce pneumologue-chercheur
pour des troubles d'apnée, se munissent d'un appareil de
pression positive continue qui solutionne comme par magie leurs
problèmes. Utilisé pendant la nuit, cet appareil
projette de l'air dans les narines du dormeur, prévenant
efficacement l'obstruction des voies respiratoires. "La qualité
du sommeil s'améliore immédiatement, même
si l'appareil peut sembler encombrant, signale Frédéric
Sériès. Il faut dire que les personnes qui l'utilisent
avaient une très pauvre qualité de sommeil auparavant.
Après en avoir fait l'essai, elles ne veulent plus s'en
passer."
Des dollars inutiles
Une nouvelle génération d'appareils, dits automatiques,
a fait son apparition dans les années1990. Ces nouveaux
engins ajustent la pression de l'air expulsé en fonction
des variations de pression des voies respiratoires du dormeur,
plutôt que de propulser l'air à pression fixe comme
les modèles conventionnels. Le seul hic: il coûte
deux fois plus cher que le modèle standard à 600
$.
"L'étude que nous avons menée auprès
de 33 patients souffrant d'apnée du sommeil montre que
ce nouvel appareil apporte des bénéfices supplémentaires
aux personnes dont l'apnée survient uniquement à
certains stades du sommeil ou dans certaines positions du corps,
relate Frédéric Sériès. Les autres
patients, soit environ 75 % des personnes souffrant d'apnée,
ne gagnent rien à se procurer cet appareil même s'il
est plus sophistiqué." Frédéric Sériès
et Isabelle Marc publient les conclusions de leur étude
dans le numéro de juillet de la revue scientifique European
Respiratory Journal.
Le pneumologue signale que ces appareils pourraient aussi venir
à bout des ronfleurs impénitents. Il s'agit cependant
d'une solution un peu lourde, convient-il. De plus, contrairement
à l'apnée, le ronflement n'est pas couvert par les
assurances privées de sorte que l'achat de l'appareil est
aux frais du ronfleur.
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