20 septembre 2001 |
Des chercheurs de la Faculté de médecine
ont mis au point une mini-serviette sanitaire modifiée
qui promet de faciliter le dépistage d'une MTS silencieuse,
la chlamydiose, et peut-être même le dépistage
des autres MTS. C'est du moins ce qu'espèrent Michel Alary,
Céline Poulin, Céline Bouchard, Michel Fortier,
Gilles Murray, Suzanne Gingras, Michel Aubé et Carol Morin
qui publient une étude démontrant l'efficacité
de cette méthode de prélèvement dans le numéro
de juillet de la revue scientifique Journal of Clinical Microbiology.
La méthode qu'ils ont mise au point fait appel à
une mini-serviette modifiée qui sert à recueillir
les sécrétions vaginales grâce auxquelles
ils peuvent dépister les infections à chlamydia
chez des femmes qui refusent de se soumettre aux examens gynécologiques
standards.
Selon les chercheurs, une proportion significative de femmes,
et en particulier d'adolescentes, refusent de passer le test de
dépistage de la chlamydiose, en raison de la procédure
utilisée pour obtenir l'échantillon nécessaire
aux analyses. "Une étude a déjà montré
que 60 % des adolescentes atteintes de chlamydiose n'auraient
pas été dépistées par une opération
de dépistage standard parce qu'elles auraient refusé
de subir l'examen gynécologique", signalent-ils. La
procédure conventionnelle fait appel au prélèvement
de cellules du col de l'utérus à l'aide d'un spéculum.
"Ce n'est pas douloureux, mais c'est tout de même désagréable,
signale Céline Poulin. Le résultat est que beaucoup
d'adolescentes ne passent pas de test de dépistage. Or,
c'est dans le groupe des 15 à 19 ans que le taux d'infection
à chlamydia est le plus élevé. Comme elles
ignorent qu'elles sont atteintes, elles transmettent la maladie
à leurs partenaires sexuels." Les infections à
chlamydia provoquent peu de symptômes de sorte qu'une personne
peut en être atteinte pendant des années sans même
le savoir. Cette infection silencieuse entraîne des séquelles,
entre autres la stérilité.
On estime que plus de la moitié des adolescentes atteintes de chlamydiose ne sont pas parce qu'elles ont refusé de subir l'examen gynécologique
Groupes à risque
Trois professeurs de clinique de la
Faculté de médecine, Céline Bouchard, Michel
Fortier et Gilles Murray, ont eu l'idée d'insérer
un filtre à l'intérieur d'une mini-serviette standard
pour recueillir les sécrétions vaginales nécessaires
au dépistage. Les femmes n'ont qu'à porter cette
serviette pendant quatre heures consécutives pour fournir
l'échantillon requis pour les analyses d'amplification
génomique révélant la présence ou
l'absence de l'agent pathogène. Le filtre peut être
retiré de la mini-serviette et posté à un
laboratoire pour fins d'analyses. Testée auprès
de 510 femmes de la région de Québec, la méthode
de la mini-serviette s'est révélée d'une
efficacité comparable au prélèvement au niveau
du col de l'utérus et supérieure à la méthode
basée sur les échantillons d'urine. "Contrairement
à l'urine, le filtre n'impose aucune contrainte quant aux
conditions d'entreposage et quant au délai écoulé
entre le prélèvement et l'analyse", ajoute
Céline Poulin.
La mini-serviette modifiée serait particulièrement
utile pour les femmes et les adolescentes qui craignent l'examen
standard de même que pour certains groupes de femmes à
risque qui n'utilisent pas les services médicaux conventionnels,
notamment les prostituées, les femmes incarcérées
et les jeunes de la rue. À Québec, 15 % des femmes
qui font le trottoir et des jeunes femmes de la rue seraient atteintes
de chlamydiose ou de gonorrhée, selon une étude
récente du Groupe de recherche en épidémiologie.
"La mini-serviette pourrait peut-être servir au dépistage
des autres MTS, avance Céline Poulin. Il faudrait cependant
évaluer l'efficacité et la rentabilité économique
de cette méthode pour chaque MTS." Céline Bouchard, Michel
Fortier et Carol Morin ont créé une entreprise, Ezy-Detek, pour commercialiser
leur idée.
|