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13 septembre 2001 ![]() |
"On ne peut pas être un véritable scientifique sans s'impliquer dans la société." Le regard de Ven Murthy s'illumine lorsqu'il prononce ces paroles. "Je me suis toujours un peu impliqué socialement", dit le professeur de la Faculté de médecine, s'interrompant aussitôt pour ne pas trahir sa grande modestie. Tout au plus avouera-t-il, avec un brin de fierté, qu'il a participé, avec son fils de 21 ans, Naveen, étudiant en science politique à l'Université, à la manifestation anti-mondialisation du Sommet des Amériques en avril dernier et qu'il en est revenu la larme à l'oeil. Il y a quelques jours, Ven Murthy est rentré d'une tournée de congrès et de visites en Asie avec une mission dans ses valises: recueillir le plus d'appui possible à une pétition demandant l'élimination des armes nucléaires sur toute la planète.
Le choc de la non-violence
Deux rencontres exceptionnelles ont fait fleurir le goût
de l'engagement social chez ce chercheur. "Je suis né
en Inde et ma langue maternelle est le kannada. À l'époque,
Gandhi voulait propager l'hindi et il incitait toutes les écoles
à l'enseigner. J'ai donc appris l'hindi et, à l'âge
de 12 ans, j'ai réussi l'examen. Pour me récompenser,
on m'a envoyé par train à Madras (le voyage a duré
toute une nuit) pour participer à une cérémonie
au cours de laquelle Gandhi remettait des certificats à
environ 300 élèves. Avant même de le voir,
j'étais déjà séduit par sa philosophie
de désobéissance civile non violente. Je me souviens
que nous logions sous une grande tente et qu'il était venu
nous rencontrer et nous parler. C'était un homme de petite
taille, mince, au torse nu, mais il se dégageait de lui
une grande force. Cette rencontre a été très
marquante pour l'enfant que j'étais."
Plus tard, en 1961, Ven Murthy étudie à Yale où
il préside l'Association des étudiants-chercheurs
indiens. "Nous avions invité Martin Luther King à
prononcer un discours et il avait accepté. J'ai eu la chance
de le rencontrer et de discuter avec lui pendant quelques minutes.
Ça a été un moment important de ma vie."
"I have a dream"
Lors de son dernier voyage en Asie, des chercheurs japonais, actifs
dans la Société japonaise pour la paix, lui ont
demandé de recueillir le plus de noms possibles pour une
pétition qui ne demande rien de moins que l'élimination
totale de toutes les armes nucléaires. Des noms contre
des bombes. L'idéalisme contre la froide logique de l'équilibre
des forces militaires. Le match paraît inégal, mais
le professeur entend quand même faire faire un petit bout
de chemin à cette pétition mondiale qui doit bientôt
être remise à l'ONU.
Une pétition peut-elle arrêter des canons? Ven Murthy
ne se fait pas d'illusion, mais, laisse-t-il tomber, "cette
pétition est le seul moyen dont je dispose pour faire en
sorte que des tragédies comme celles qui sont survenues
à Hiroshima et Nagasaki ne se reproduisent jamais."
Pour signer cette pétition ou pour la faire circuler, contacter
le professeur Ven Murthy au local 3100 du pavillon Vandry ou par
téléphone au 656-2131, poste 3156.
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