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13 septembre 2001 ![]() |
À Québec, 15 pour cent des femmes qui font le
trottoir et des jeunes femmes de la rue seraient atteintes de
chlamydiose ou de gonorrhée. C'est ce que révèle
une étude du Groupe de recherche en épidémiologie
qui a effectué du dépistage auprès de 626
personnes recrutées, en majorité, par l'entremise
d'organismes communautaires de Québec qui offrent des services
aux jeunes de la rue, aux femmes qui ont des problèmes
sociaux et comportementaux et aux prostitués des deux sexes.
L'étude est publiée dans le numéro du mois
d'août de la revue scientifique Sexually Transmitted
Diseases, par les chercheurs Céline Poulin, Michel
Alary, France Bernier, Diane Carbonneau, Marie-Claude Boily et
Jean Joly.
"Notre objectif était de connaître la prévalence
des chlamydioses et des gonorrhées dans ces groupes à
risque, signale Céline Poulin. En dépit de la tendance
à la baisse de l'incidence de ces deux maladies dans la
population en général, il semble exister un noyau
dur où ces maladies persistent. Nous voulions voir s'il
était possible de les dépister et de les traiter
à l'extérieur du cadre médical habituel."
Règle générale, poursuit-elle, les jeunes
de la rue, les prostituées et les délinquants évitent
les cliniques médicales par crainte d'être fichés
et marginalisés.
Les analyses, effectuées à partir d'échantillons
d'urine récoltés entre octobre 1997 et avril 1998,
révèlent que la prévalence des deux maladies
atteint, chez les 20 ans ou plus, 8 % chez les femmes et 4 % chez
les hommes. "Il s'agit d'un taux modéré, compte
tenu du fait que ces personnes adoptent fréquemment des
comportements à risque", commente Céline Poulin.
Chez les moins de 20 ans, ces deux maladies galopent: 14,9 % chez
les femmes et 8,4 % chez les hommes. "Les taux sont élevés,
mais ils sont comparables à ce qu'on retrouve dans les
autres villes nord-américaines", souligne la chercheure.
Les principaux facteurs associés à la présence
de chlamydiose ou de gonorrhée sont le fait d'avoir moins
de 20 ans, d'avoir eu des partenaires sexuels occasionnels dans
les six derniers mois et d'avoir utilisé des drogues intraveineuses.
"Faire du dépistage de MTS en collaboration avec des
organismes communautaires semble un moyen très efficace
de rejoindre des personnes qui échappent aux opérations
régulières de santé publique, constate Céline
Poulin. Il faut aller vers ces personnes à risque parce
qu'elles ne viennent pas vers les organismes officiels du réseau
de la santé." Dans les organismes communautaires,
ces personnes font affaire avec des travailleurs sociaux en qui
elles ont confiance, de sorte qu'elles ne se sentent pas jugées,
ajoute-t-elle. De plus, le test ne requiert qu'un échantillon
d'urine, ce qui le rend plus facilement acceptable. "C'est
moins compliqué qu'un prélèvement au niveau
du col de l'utérus."
Les infections à chlamydia constituent maintenant la MTS
la plus répandue chez les jeunes. Elles provoquent peu
de symptômes de sorte qu'une personne peut en être
atteinte pendant des années sans même le savoir.
Cette infection silencieuse entraîne des séquelles,
entre autres la stérilité. Plusieurs femmes découvrent
qu'elles ont eu une infection à chlamydia au moment où
elles tentent sans succès d'avoir des enfants.
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