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13 septembre 2001  |
Tout un carton!
Improvisation libre sur le thème: "Les joies de
l'improvisation". Nombre de joueurs: cinq. Durée:
aurait pu être illimitée si le Fil n'avait
pas de contraintes d'espace, tant ceux et celles qui ont accepté
de jouer le jeu de l'entrevue débordaient littéralement
d'enthousiasme à l'idée de s'exprimer sur leur expérience
à la LUI (Ligue universitaire d'improvisation). Oui, l'improvisation
est plus vivante que jamais, à l'Université. Il
n'y a qu'à écouter parler quelques-unes des personnes
qui ont contribué à faire de la LUI ce qu'elle est
aujourd'hui, après 20 ans d'existence bien sonnés.
"À un moment donné, j'ai cessé de faire
de l'improvisation à l'Université car j'y serais
encore aujourd'hui ! ", raconte l'humoriste bien connu Jean-Michel
Anctil, qui a oeuvré au sein de la LUI alors qu'il étudiait
en théâtre, de 1987 à 1991. "L'improvisation
est une véritable drogue dont on devient vite dépendant.
On a l'impression de marcher sur un fil avec en dessous de nous,
le vide. C'est là toute la beauté de l'impro. Parfois,
une bonne idée ne débouche nulle part alors qu'une
idée qui semblait médiocre au départ peut
donner une improvisation géniale." S'il ne se souvient
pas de sa pire impro, Jean-Michel Anctil a encore en mémoire
sa meilleure performance, dont l'action se déroulait au
Moyen âge et dont le titre était "La visite
du roi". Jouant tour à tour le rôle du fou du
roi et de la reine, l'humoriste dit être sorti gagnant de
cette impro, au propre comme au figuré, y appliquant les
principes de collaboration et d'entraide qui font progresser le
jeu. Car au royaume de l'improvisation, le vedettariat n'a pas
sa place, le tapis rouge n'étant déroulé
que sous les pieds de ceux et celles qui privilégient l'esprit
d'équipe avant tout. Qui plus est, un joueur trop populaire
auprès du public peut même " décrocher",
quand il sent qu'il n'a plus rien à prouver. C'est le cas
d'Alain Dumas, célèbre animateur qui fit les beaux
jours de l'émission radiophonique La Jungle et qui
anime maintenant l'émission Flash à TQS.
"Le public applaudissait et riait avant même que je
ne saute dans l'improvisoire, raconte-t-il. J'avais l'impression
de manquer d'authenticité, de ne pas me retrouver."
Ceci étant dit, Alain Dumas se souviendra toute sa vie
de cette "formidable école " qu'est la LUI, alors
qu'il étudiait en journalisme au début des années
1980. Pour se préparer au match du vendredi soir et n'ayant
pas de cours ce jour-là, il prenait ainsi l'autobus numéro
sept en face de l'Université jusqu'à Place d'Youville
afin d'y observer les gens et de pouvoir s'en inspirer pour ses
futurs personnages. "Cela comptait énormément
pour moi de bien me préparer pour le spectacle. Je prenais
cela vraiment à coeur. Le public s'attend à un spectacle
de qualité et il ne faut pas le décevoir."
Des moments magiques
Autre " vedette " de la LUI, Maryvonne Cyr, qui
détient le record d'obtention de joueuse de l'année,
ayant remporté quatre fois ce titre enviable. "Pour
moi, l'improvisation a représenté une véritable
thérapie", confie la jeune femme qui a fait partie
de la LUI de 1986 à 1995. "Cela m a aidé à
être davantage à l'écoute des autres, à
être plus disponible et spontanée. L'impro permet
également d'acquérir de l'assurance. Qu'on le veuille
ou non, il faut s'en remettre à soi-même et se faire
confiance. Ce qui me fascine dans ce jeu, c'est qu'on réussisse
à construire, à créer une histoire et des
personnages, à partir de rien, finalement. Certaines moments
sont magiques, lorsque la complicité entre les joueurs
est à son point culminant, par exemple, ou encore, de façon
plus terre à terre, quand le punch coïncide
avec la fin de l'impro." Après une incursion dans
le monde de l'humour, notamment au Gala Juste pour rire, où
son talent d'humoriste a été salué, Maryvonne
Cyr fait aujourd'hui du théâtre d'entreprise, son
travail consistant à écrire des pièces à
la demande des gestionnaires sur une thématique précise.
"L'exercice exige de saisir rapidement le contexte présenté
et à cet égard, mon expérience en impro m'est
fort utile", révèle t-elle.
"Se lancer dans une impro, c'est vertigineux à chaque
fois", lance pour sa part Marie-Josée Bastien, pour
qui s'adonner à ce jeu a marqué le début
de son amour pour le théâtre, tant et si bien qu'elle
a décidé de prendre le chemin du Conservatoire d'art
dramatique, où elle enseigne d'ailleurs aujourd'hui, en
plus de faire de la mise en scène pour différentes
compagnies théâtrales. " Quand j'écris,
j'improvise", affirme celle qui est l'une des coscénaristes
du dernier film de Francis Leclerc, Une jeune fille à
la fenêtre. "C'est donc dire que faire partie de
la LUI a joué un rôle prépondérant
dans ma vie."
Si les matchs d'impro sont choses du passé pour elle, Marie-Josée
Bastien continue cependant de s'y intéresser, notant une
évolution dans la façon de jouer et qui n'est pas
nécessairement positive, à son avis: "Je trouve
dommage. que les improvisations raccourcissent et que les joueurs
se sentent constamment obligés de faire des impros drôles
pour plaire au public. De ce point de vue, je trouve qu'il y a
moins d'audace qu'avant.". Fêtant ses dix ans dans
la LUI, Tammy Verge estime de son côté que le jeu
est de plus en plus "physique" et rapide. "Il y
a des gens qui sont nés avec l'impro et cela paraît
dans leur façon de jouer", fait-elle remarquer. Étant
tombée en amour avec l'impro dès la fin de ses études
secondaires, cette jeune enseignante au primaire en apprécie
les nombreux atouts: "On est à la fois écrivain,
acteur, metteur en scène. On surprend et on se fait surprendre.
C'est génial!" Quant à savoir s'il est important
de gagner, la réponse fuse spontanément: "
On ne joue pas pour gagner mais on est content de gagner! "
Une belle histoire
C'est la passion du jeu théâtral, éveillée
dans le cadre d'un cours en interprétation dramatique où
avaient lieu des exercices d'improvisation, qui a incité
un étudiant en droit de l'Université Laval, Réjean
Labrie, à jeter les bases de la LUI, en 1981. Avec deux
autres étudiants, Jocelyn Proulx et Benoît Gouin,
il propose donc l'idée au Service des activités
socioculturelles qui appuiera le projet dès le début.
De fil en aiguille, les "pratiques publiques" attirent
de plus en plus d'étudiantes et d'étudiants, fascinés
par ce jeu où l'imagination règne. La LUI, calquée
sur le jeu de hockey dont s'est inspirée la LNI (Ligue
Nationale d'improvisation), avec arbitre, punitions, repêchages
et séries éliminatoires, est née. Prise au
jeu de sa propre popularité, la LUI doit bientôt
quitter le local de répétition de l'orchestre de
l'École de musique où elle offre ses prestations.
C'est finalement la salle Henri-Gagnon qui accueillera le groupe
et ses nombreux fans. Depuis l'automne 1997, la LUI se produit
au Grand Salon du pavillon Maurice-Pollack, attirant chaque vendredi
soir de l'année scolaire, à 20 h, inconditionnels
et nouveaux venus en quête d'un bon divertissement. De semaine
en semaine, quelque 250 personnes assistent à ces matchs
enlevants, mettant en vedette quatre équipes ayant carte
blanche pour amuser, étonner et charmer leur public: les
Coeur, les Pique, les Trèfle et les Carreau. Pour la petite
histoire, la LUI a remporté la CUI (Coupe universitaire
d'improvisation) à deux reprises, au cours de son histoire:
en 1999-2000, à l'Université Laval, et en 1993-1994,
à l'Université de Sherbrooke. Sans compter un véritable
coup de théâtre, la saison dernière, lors
du Mondialito, où les = de la LUI ont remporté le
titre de champions du monde, après avoir affronté
des équipes de France, de Suisse et de Belgique.
Pour fêter en grand son 20e anniversaire, la LUI offre un
cocktail Retrouvailles réunissant exclusivement anciens
et nouveaux, le 14 septembre, à 17 h, au Grand Salon du
pavilllon Maurice-Pollack . Cet amical 5 à 7 sera suivi
d'un match spécial, à 20 h, mettant également
en vedette anciens et nouveaux joueurs. Parmi ces anciens, on
retrouve le célèbre tandem formé par Maryvonne
Cyr et Sylvain Derasp, de même que Marie-Josée Bastien,
Paul Patrick Hébert et Antoine Vézina. Un rendez-vous
à ne pas manquer ! Pour de plus amples renseignements sur
les activités à venir, consultez le site internet
de la LUI à l'adresse suivante : www.lalui.qc.ca
RENÉE LAROCHELLE
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