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13 septembre 2001 ![]() |
Le Comité international des rédacteurs de revues
médicales a annoncé, le 10 septembre, la mise en
application de nouvelles règles éthiques concernant
la publication de résultats de recherche subventionnée
par l'industrie ou par le gouvernement. Les nouvelles règles,
qui veulent "tenter de préserver l'indépendance
scientifique des chercheurs", prévoient notamment
que les auteurs devront signer une déclaration confirmant
qu'ils ont eu "entièrement accès à toutes
les données au cours de l'étude et qu'ils acceptent
l'entière responsabilité de l'intégrité
des données et de l'exactitude de leur analyse". À
défaut de quoi, les revues refuseront de publier l'étude.
"Nous ne demandons pas aux chercheurs universitaires de couper
tout lien avec l'industrie, insiste le comité. Nous proposons
simplement des règles permettant d'exercer une diligence
raisonnable afin de protéger l'essence de la quête
scientifique", lit-on en éditorial du dernier numéro
du Journal de l'Association médicale canadienne.
Outre cette revue, le comité regroupe notamment le New
England Journal of Medicine, The Lancet et le Journal
of the American Medical Association. Pour prendre connaissance
des nouvelles règles, voir http://www.cma.ca/cmaj/vol-165/issue-6/0786.asp.
Coudées franches
Les études cliniques publiées dans les revues
scientifiques influencent fortement le choix de traitements médicaux
et pharmaceutiques, souligne le rapport du comité. Pour
cette raison, les chercheurs doivent réaliser leur travail
de façon objective et impartiale afin d'éviter que
des conclusions biaisées ne servent d'outils de marketing.
"Nous craignons que le contexte actuel dans lequel les études
sont conçues, les sujets sont recrutés et les données
sont analysées et publiées (ou non publiées),
ne compromette cette précieuse objectivité."
Les revues médicales s'inquiètent tout particulièrement
de la compétition que se livrent les universités
et les centres de recherche privés pour l'obtention de
fonds destinés aux essais cliniques de médicaments.
Cette rivalité permettrait aux compagnies pharmaceutiques
de dicter les règles du jeu, "règles qui ne
vont pas toujours dans le sens du meilleur intérêt
des chercheurs universitaires, des sujets d'études et de
l'avancement de la science en général", déplore
le rapport.
"Il faut se réjouir de la prise de position du Comité international des rédacteurs de revues médicales", estime Marie Audette, chercheure à la Faculté de médecine et membre du Comité d'éthique de la recherche. C'est une bonne façon de s'assurer que les chercheurs vont pouvoir publier librement et sans contrainte. Il y a 20 ans, la question ne se posait pas. Mais, comme le financement par le secteur privé occupe maintenant une part importante du financement de la recherche (près de 30% des fonds externes de recherche à l'Université Laval), il faut se donner des règles éthiques claires. Par contre, il ne faut pas croire que c'était la débandade. Les chercheurs ne sont pas à la botte des compagnies pharmaceutiques. La grande majorité des études étaient faites dans le respect des règles d'éthique."
Les nouvelles règles des revues médicales n'auront
pas d'impact sur le travail du Comité d'éthique
de l'Université, estime la chercheure. "Nous étions
déjà très à l'affût des droits
des sujets d'étude. Par ailleurs, le nouveau formulaire
qui sera désormais utilisé par le comité
d'éthique interroge les chercheurs sur des conflits d'intérêts
réels ou perçus."
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