6 septembre 2001 |
Il leur a fallu examiner 300 millions de cellules au microscope,
mais ils ont finalement trouvé ce qu'ils cherchaient est
parvenue à établir le nombre normal de cellules
d'un embryon qui circulent dans le sang de sa mère pendant
la grossesse. Par un mécanisme encore mal connu, certaines
cellules foetales traversent la membrane placentaire et se retrouvent
dans la circulation sanguine de la mère pendant la grossesse.
Leur nombre est d'environ 4 par millilitre de sang, ont découvert
les chercheurs; quatre cellules foetales, noyées dans une
mer de 30 millions de cellules maternelles, tout ça dans
moins d'une cuillérée à thé de sang.
Les repérer équivaut à mettre la main au
collet de quatre fugitifs parmi toute la population canadienne!
Selon le responsable de l'équipe, Régen Drouin,
il était essentiel d'arriver à une valeur juste
du nombre de cellules foetales si on espère les utiliser
pour dépister les maladies chromosomiques comme la trisomie.
"Il n'y a pas de lien entre le nombre de cellules foetales
dans le sang de la mère et le risque de maladies chromosomiques,
précise-il d'emblée. Cependant, pour pouvoir utiliser
les tests de dépistage, il faut, au minimum, entre 10 et
20 cellules foetales. Il faut les isoler et les enrichir (concentrer)
parce que leur concentration est très faible. Si on ne
sait pas combien de cellules foetales il y a au départ,
il est difficile d'évaluer l'efficacité des méthodes
d'enrichissement et, conséquemment, d'en obtenir suffisamment
pour effectuer des tests de dépistage." Évidemment,
comme le but de l'opération n'est pas de saigner la mère
pour savoir si l'enfant est bien portant, le tout doit se faire
avec une économie de sang maternel.
La découverte de l'équipe de recherche, formée
de Kada Krabchi, François Gros-Louis, Ju Yan, Marc Bronsard,
Jacques Massé, Jean-Claude Forest et Régen Drouin,
relance donc sur des bases plus solides l'idée de dépister
les maladies chromosomiques de l'embryon en effectuant une simple
prise de sang chez la mère. "Je crois qu'avec 20 ml
de sang, on aurait suffisamment de cellules de l'embryon pour
dépister les trois types de trisomie." C'est d'ailleurs
la tâche à laquelle s'affaire maintenant son équipe.
Moins de risques
Présentement, on effectue le dépistage de la
trisomie par amniocentèse. La procédure nécessite
le prélèvement d'un échantillon du liquide
dans lequel baigne le foetus et elle provoque des avortements
spontanés dans environ 1 % des cas. Les médecins
ne proposent cet examen qu'aux femmes de 35 ans et plus parce
qu'à compter de cet âge, les bénéfices
contrebalancent les risques associés au test. La probabilité
de donner naissance à un enfant atteint de trisomie 21
(mongolisme) augmente avec l'âge de la mère; à
20 ans, elle s'établit à 1 cas sur 1 500 naissances,
à 35 ans, 1 sur 385 et, à 40 ans, à 1 sur
110. Comme l'amniocentèse est réservée aux
femmes de 35 ans et plus, elle ne permet le dépistage que
de 25 % des cas.
Autre désavantage, l'amniocentèse est effectuée
entre la 14e et la 18e semaine de grossesse de sorte qu'en ajoutant
les délais pour obtenir les résultats, une femme
en arrive parfois à devoir subir une interruption de grossesse
à la 19e ou à la 20e semaine. "Il y aurait
suffisamment de cellules foetales dans le sang de la mère
dès la 12e semaine de grossesse, ce qui représente
un avantage supplémentaire", signale Régen
Drouin. L'étude des chercheurs de la Faculté de
médecine est publiée dans un récent numéro
de la revue scientifique Clinical Genetics.
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