23 août 2001 |
La philanthropie est-elle l'apanage exclusif des gens riches
et célèbres? Le fait de poser un geste important,
comme faire un don majeur en argent ou en biens, relève-t-il
exclusivement d'une certaine catégorie d'individus privilégiés?
Bien sûr que non. La philanthropie est d'abord et avant
tout un élan du coeur motivé par la reconnaissance,
le souvenir ou encore un espoir en l'avenir. C'est un choix à
la portée de quiconque veut bien s'y arrêter. Un
choix qu'a fait l'abbé Antoine Bouchard, professeur émérite
de la Faculté de musique en acceptant de faire un don de
70 000 $ à la Fondation de l'Université Laval. Un
don destiné au développement de la musique liturgique
à l'orgue et dans le chant choral, et qui témoigne
de son attachement profond à son alma mater.
Professeur à la Faculté de musique de 1966 à
1997, Antoine Bouchard a étudié l'orgue avec les
maîtres Claude Lavoie et Léon Destroismaison, puis
à Paris avec le maître Gaston Litaize. Il a donné
de nombreux concerts, au Canada, aux Etats-Unis et en Europe.
Membre-fondateur des Amis de l'orgue de Québec et de la
Fédération québécoise des Amis de
l'orgue, on lui doit notamment une collection de 11 disques compacts
consacrés à l'intégrale de l'oeuvre de Johann
Pachelbel, sur étiquette Dorian.
D'une pierre deux coups
"J'ai passé ma vie à la Faculté
de musique et j'y ai été extrêmement heureux,
explique Antoine Bouchard. L'Université Laval a été
l'une des premières universités à avoir un
département de musique et ce département a été
d'abord fondé pour la musique liturgique. Aujourd'hui,
la mission est beaucoup plus large que cela, mais la dimension
liturgique n'a jamais disparu. Je ne suis pas riche, mais je trouvais
normal de laisser quelque chose à l'Université."
"J'avais déjà contribué auparavant à
la Fondation de l'Université Laval, comme la grande majorité
des professeurs, lors des campagnes de financement. Après
avoir vendu des actions qui avaient monté en Bourse, je
me suis tout à coup retrouvé avec un montant d'argent
qui, de toute façon, serait allé en grande partie
au gouvernement en impôts. Je trouvais le moment opportun
puisque je venais tout juste de quitter pour la retraite. J'ai
donc fait d'une pierre deux coups!"
L'attachement d'Antoine Bouchard à l'Université
Laval et à sa Faculté de musique est manifeste.
C'est toute une vie consacrée à la diffusion et
à la transmission d'un art que l'institution a vu défiler
en ses murs et rayonner à travers le monde. "L'Université,
par définition, travaille toujours pour l'avenir, dans
une continuité, sur des choses qui bougent, souligne Antoine
Bouchard. L'Université est capitale, particulièrement
dans le domaine de la musique liturgique. Il suffit de regarder
l'histoire de la musique occidentale: aussi loin que l'on puisse
remonter, on constate qu'une majorité de musiciens ont
d'abord été musiciens d'église. Je pense
que contribuer au mieux-être de la musique liturgique, c'est
contribuer au mieux-être de toute la musique, car cela va
au-delà du culte religieux pour devenir une dimension de
l'Homme "
Un geste à imiter
"Dans mon petit geste, il y a beaucoup de reconnaissance
pour cette institution qu'est l'Université Laval. Et quand
je parle d'institution, en fait, je parle des gens, poursuit Antoine
Bouchard. À la Faculté et dans tout le reste de
l'Université, le climat a toujours été si
agréable. Ce que je fais, c'est bien peu de chose en comparaison
avec ce que j'ai reçu de l'Université Laval. J'ai
donc eu l'impression de faire quelque chose de logique en rapport
avec les fonctions de l'Université et par rapport à
ma petite participation dans un ensemble qui fait de grandes choses!
Et je suis convaincu qu'il y a bien d'autres de mes collègues
qui sont dans cette situation et qui sont en mesure de poser un
geste eux aussi. C'est aux individus de mettre la main à
la pâte, puisque l'État a, d'un côté,
coupé les vivres de façon importante, et de l'autre,
instauré des mesures fiscales qui encouragent les gens
à donner."
|