24 mai 2001 |
Malgré les protestations d'un groupe de citoyens de
Sainte-Croix, l'Université procédera sous peu au
déplacement d'une soixantaine de vaches laitières
du Centre agronomique de Sainte-Croix vers le Centre de recherche
en sciences animales de Deschambault. Ce sont essentiellement
des questions d'ordre financier qui ont contraint l'Université
à prendre cette décision. "Il aurait fallu
investir près de 1 million de dollars pour rendre les installations
de Sainte-Croix conformes aux normes du Comité canadien
pour la protection des animaux (CCPA}, explique Jean-Claude Dufour,
doyen de la Faculté des sciences de l'agriculture et de
l'alimentation (FSAA). Dans le contexte budgétaire actuel,
il nous est apparu plus responsable de déplacer les animaux
et la machinerie agricole vers Deschambault."
Cette décision résulte d'une visite effectuée
au Centre agronomique de Sainte-Croix par des représentants
du CCPA, en avril 2000. Dans son rapport déposé
quelques mois plus tard, le Comité relevait plusieurs infractions
à ses normes et sommait l'Université d'apporter
des correctifs avant le 1er décembre de la même année.
"Nous avons eu des rencontres dans l'espoir de négocier
les délais, mais sans succès, rapporte le doyen
Dufour. Nous avons aussi tenté d'obtenir une aide financière
auprès du ministère de l'Éducation, mais
les sommes obtenues étaient insuffisantes."
À l'Université, les responsables du dossier ne peuvent
donner de précisions sur la nature exacte des problèmes
relevés par les évaluateurs du CCPA. "Les
rapports de cet organisme sont confidentiels, souligne André
Duval, président du Comité universitaire de protection
des animaux. Tout ce qu'il est possible de dire est que les normes
du CCPA concernant la température, l'humidité, les
conditions de captivité et les soins apportés aux
animaux sont très rigoureuses. À Québec,
il n'y a pas un "pet shop" qui passerait les tests.
Si l'Université ne s'étaitpas pliée aux demandes
du CCPA, tous ses fonds de recherche en provenance des organismes
subventionnaires auraient pu être bloqués."
Équilibre financier précaire
L'Université avait acquis le Centre agronomique de
Sainte-Croix en 1989, au coût symbolique de 1 dollar. L'objectif
était d'utiliser les installations pour y mener des activités
de recherche, de formation continue, des rencontres scientifiques
et diverses activités avec les partenaires du milieu. Parmi
ces installations se trouvaient une ferme laitière et 57
hectares de terrains destinés à la culture des fourrages
et des céréales. Ces installations devaient servir
de ferme-école et de centre de recherche.
L'automne dernier, le Conseil d'administration de la Corporation
du Centre agronomique de Sainte-Croix, où siégeaient
des représentants du milieu et de l'Université,
décidait unanimement de se dissoudre et de remettre la
gestion du Centre à l'Université. La Corporation
ne parvenait pas à financer les activités du Centre,
ce qui la plaçait dans une situation financière
précaire. La Corporation sera officiellement dissoute le
31 mai, mais l'Université demeure propriétaire du
centre agronomique. "L'Université souhaite agir comme
partenaire dans le Centre de Sainte-Croix si les activités
qui s'y déroulent sont en relation directe avec sa mission,
mais elle ne veut plus être seule à assumer le leadership",
résume Jean-Claude Dufour.
L'opposition de la population de Sainte-Croix a remis le dossier
sur la place publique la semaine dernière. Le 16 mai, une
centaine de citoyens ont participé à une manifestation
dans l'espoir d'empêcher l'Université Laval de déménager
le troupeau laitier et l'équipement agricole du Centre
de Sainte-Croix - d'une valeur de 1 million de dollars selon
les manifestants - vers Deschambault. "La décision
est prise et nous n'avons pas l'intention de reculer, insiste
le doyen. Les recherches en production laitière doivent
se poursuivre et nous devons assurer cet actif aux professeurs-chercheurs.
Nous allons déplacer le troupeau dans les meilleurs délais
possibles."
JEAN HAMANN
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