24 mai 2001 |
Le dirigeant de PME de la nouvelle économie est
la plupart du temps assez jeune. Il possède habituellement
une formation universitaire en sciences et se passionne pour la
technologie et l'innovation. Ce visionnaire voit grand, tout en
voulant donner un sens réel à sa vie professionnelle.
Il a en outre la capacité d'attirer et de garder les meilleurs
candidats disponibles.
Ces grandes lignes du portrait type du dirigeant de PME de la
nouvelle économie sont tirées d'une étude
récente du Groupe de recherche sur la PME et l'entrepreneurship
de l'Université Laval. L'étude s'intitule: Gestion
en nouvelle économie: constats et pistes . Elle porte
sur les activités stratégiques de 108 PME (petites
et moyennes entreprises) à succès, la plupart du
Québec, oeuvrant aussi bien dans l'économie traditionnelle
que dans la nouvelle économie. En bref, la nouvelle économie,
ou "économie du savoir", regroupe des entreprises
actives dans les nouveaux domaines de la connaissance (biotechnologies,
fibre optique, etc.) et qui s'appuient, dans leur fonctionnement,
sur des systèmes de communication et de production perfectionnés
à base d'informatique et de technologie.
Une autre mentalité de gestion
Les chercheurs de Laval ont comparé les orientations
et les pratiques des deux catégories d'entreprises, ce
qui a permis de mettre au jour plusieurs différences. "On
a vu les dirigeants de la nouvelle économie exprimer davantage
lorsqu'ils parlent de performance, de réussite générale
de l'entreprise, de leur profession", explique Gérald
d'Amboise, professeur titulaire au Département de management
et coordonnateur du Groupe de recherche. "C'est plus un tout.
Ils vibrent à leurs produits, ils veulent créer
quelque chose et ils veulent réussir comme individus. Les
entrepreneurs de l'économie traditionnelle, eux, s'expriment
presque exclusivement selon les critères quantitatifs habituels
tels que la croissance du chiffre d'affaires, la rentabilité
et le retour sur l'investissement."
Environ la moitié des propriétaires dirigeants interviewés
évoluent dans les nouvelles industries du savoir. Il ressort
que bon nombre d'entre eux investissent peu dans la formation
de leurs employés. C'est qu'en nouvelle économie,
produire, c'est se former. "Les gens se forment au boulot,
souligne Gérald d'Amboise. Ils sont toujours en train d'apprendre,
d'acquérir de nouvelles connaissances." Cette formation
continue non traditionnelle se fait notamment en consultant des
revues spécialisées, des banques d'information et
des sites Internet. Il y aussi les échanges avec les réseaux
de spécialistes.
La main-d'oeuvre de la nouvelle économie est relativement
jeune, informée, souple et dévouée. Ce sont
des techniciens possédant un côté créatif
et qui ont un grand besoin d'autonomie et de latitude. Comme leur
patron, ils vivent beaucoup pour leur métier. Et leurs
attentes sont élevées.
Selon Gérald d'Amboise, le dirigeant doit d'abord favoriser
la progression constante de son personnel. Il doit aussi lui permettre
d'aller chercher de l'expertise supplémentaire, d'autres
apprentissages, en vue, un jour, d'une réorientation de
carrière. "Plus tard, soutient-il, les employés
se lasseront, par exemple, de concevoir des logiciels. Le dirigeant
doit donc les inciter dès maintenant à connaître
autre chose. Par exemple, à s'intéresser aux rudiments
de la gestion." Cette approche pourrait avoir comme immense
avantage de dissuader l'employé de quitter l'entreprise.
"Si la personne a le sentiment qu'elle peut s'épanouir
en s'ouvrant à autre chose, dit-il, il y a bien des chances
qu'elle veuille rester."
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