24 mai 2001 |
Portraits intimes
À travers l'acte de création, Maryse Harvey
exprime ses pensées du moment, ses émotions que
les mots seuls ne parviendraient pas à traduire avec exactitude.
Chaque uvre de cette jeune peintre coloriste constitue en quelque
sorte une page détachée de son journal intime qu'elle
livre, sans pudeur,à ceux qui regardent. "Sur des
tissus vernis et tendus sur des faux-cadres, je peins mon quotidien,
les événements marquants de ma vie, affirme-t-elle.
Et ce, en m'inspirant toujours de photos de moi, de ma famille
ou simplement d'images d'inconnus puisées dans diverses
revues." Comme moyen de communication, elle a donc opté
pour un médium dit traditionnel, auquel elle prend toutefois
soin d'ajouter une touche personnelle: la peinture à vitrail
qui donne à ses toiles un fini luisant unique.
Comme Maryse Harvey, Alexandra Caron met en scène ses proches
dans ses oeuvres. Des photos en noir et blanc, tirées d'un
vieil album de famille, servent en effet de matériaux de
base à ses estampes. Pour réaliser ses gravures,
à l'eau forte ou sur bois, elle procède toujours
en trois étapes: d'abord l'impression de l'image passée
au scanner, puis la sérigraphie et, enfin, la gravure.
"Un effet d'effacement résulte de ces différents
transferts que subissent les photos, fait-elle remarquer. Cette
perte de détails insuffle un caractère fantomatique
à mes personnages. Ce qui cadre bien avec la thématique
que j'exploite, celle du souvenir."
Séduction et champignons
Artiste multidisciplinaire, Christine St-Maur aborde, de son
côté, le thème de la séduction féminine,
en mettant en relief le grotesque qui en découle parfois.
Les artifices dont certaines femmes usent pour attirer les regards
se trouvent au cur de ses créations. Elle propose notamment
un vidéo dans lequel, déguisée en "cochonette
", elle prend des poses aguichantes et se peint, vers la
fin, le duvet des jambes avec du mascara. Par ailleurs, elle confie
qu'une image, un peu clichée, l'obsède depuis fort
longtemp : celle d'une dame guindée aux longs ongles rouges
tapant à la dactylo. Pour matérialiser cette vision,
elle a aménagé un jardin de doigts en terre cuite,
peints en blanc et au bout desquels sont fixés des faux-oncles
rouge vif.
Grand passionné de mycologie, Jean-Étienne Joubert
a créé une installation qui se veut une reproduction
imagée d'un mycélium, l'appareil végétatif
des champignons, formé de filaments souterrains ramifiés.
"Les tuyaux noirs en PVC servant à l'irrigation des
pelouses symbolisent le mycélium, explique-t-il. À
ces tuyaux sont rattachés quelques champignons constitués,
à part égale, de gélatine neutre, de Prestone
et d'eau. Comme ces végétaux poussent seulement
dans des lieux humides, je trouvais opportun d'utiliser un système
qui sert au transport de l'eau."
Fascinée par la gestuelle et les matériaux robustes,
Josianne Bolduc réalise, quant à elle, des peintures
à l'acrylique, grand format, à partir de la trace
d'objets récupérés. Des plaques de métal,
des clous de chemin de fer, des anneaux en "stainless",
voilà quelques exemples d'objets dont elle se sert pour
créer ses compositions abstraites, aux couleurs éclatantes.
Son but: écrire une suite à l'histoire de ces petites
trouvailles. "Les objets que je trouve et utilise possèdent
déjà un passé, dit-elle. Moi, je veux leur
offrir un avenir."
Il reste encore dix jours pour visiter "Fatras" à
l'École des arts visuels, située au 255 boul. Charest
est. Les salles d'exposition sont ouvertes de 10 h à 17
h, en semaine, et de 12 h à 17 h, le samedi et le dimanche.
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