24 mai 2001 |
Une diminution de la grosseur des muscles de la cuisse annonce
de très sérieux problèmes chez les personnes
souffrant de maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC).
En effet, la surface musculaire transversale de la mi-cuisse est
étroitement associée aux risques de mortalité
chez les personnes frappées par de telles maladies. C'est
ce que révèle l'étude qu'une équipe
du Centre de recherche Hôpital Laval a présentée
le 27 avril, lors de la Journée scientifique de ce centre,
et plus tôt cette semaine, lors du congrès de l'American
Thoraxic Society qui se déroule à San Francisco.
Karine Marquis, Richard Debigaré, Pierre Leblanc, Yves
Lacasse, Jean Jobin et François Maltais ont suivi, pendant
une période de 29 mois, 142 patients, âgés
en moyenne de 65 ans, qui souffraient d'une MPOC. Il s'agissait
le plus souvent de personnes atteintes d'emphysème ou de
bronchite chronique, causés par de longues années
de tabagisme. "Pour ces patients, chaque respiration exige
un effort, souligne Karine Marquis. Leur métabolisme demeure
relativement élevé, même au repos. En plus,
elles ont peu d'appétit de sorte que nous croyons qu'elles
en viennent à puiser une partie de leur énergie
à même leur masse musculaire."
Implications cliniques
Jusqu'à présent, l'indice de masse corporelle
(poids en kg/taille en mètre au carré) servait à
évaluer le risque de mortalité des personnes atteintes
d'une MPOC. "Cet indice ne fait cependant pas de distinction
entre le poids attribuable aux graisses et aux muscles, signale
la chercheure. Chez les patients que nous avons étudiés,
la surface musculaire à mi-cuisse était plus étroitement
associée au risque de mortalité que l'indice de
masse corporelle." Pour une insuffisance respiratoire équivalente,
les patients qui avaient une surface musculaire de la cuisse inférieure
à 69 centimètres carrés couraient 12 fois
plus de risque de décéder pendant la durée
de l'étude que ceux qui avaient des muscles plus développés.
La grosseur des muscles de la cuisse pourrait donc avoir des implications
cliniques importantes, poursuit Karine Marquis. "Si deux
patients qui ont une incapacité respiratoire comparable
sont en attente de greffe pulmonaire, il faudrait sans doute donner
priorité à celui qui court le plus grand risque
de mortalité. La surface musculaire de la cuisse peut nous
renseigner sur ce risque."
Lors de l'étude, les chercheurs ont calculé la surface
musculaire à l'aide d'un appareil de tomodensitométrie.
Il serait cependant possible, en mesurant la circonférence
de la cuisse et l'épaisseur du pli cutané, d'en
arriver à une équation mathématique permettant
d'estimer avec précision la surface musculaire, sans faire
appel à un appareillage complexe.
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