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10 mai 2001 ![]() |
Louis Bernier et Jean Bousquet, professeurs au Département
des sciences du bois et de la forêt et chercheurs au Centre
de recherche en biologie forestière (CRBF), se partageront
la somme de 1,3 million de dollars au cours des trois prochaines
années pour poursuivre leurs études en génétique
végétale. L'annonce en a été faite
le 7 mai par le ministre canadien de l'Industrie, Brian Tobin,
lors d'une conférence de presse présentée
au pavillon Charles-Eugène-Marchand.
Le ministre Tobin, responsable du Conseil de recherches en sciences
naturelles et en génie (CRSNG), a profité de cette
occasion pour annoncer les autres projets subventionnés
lors du dernier concours de "Projets en génomique"
du CRSNG. L'organisme subventionnaire a octroyé la somme
totale de 4,8 millions de dollars à onze chercheurs universitaires
à travers le pays.
Gènes toxiques
Louis Bernier, directeur du CRBF et spécialiste de
la génétique et de la biologie moléculaire
des champignons pathogènes des arbres, a obtenu une subvention
de 851 500 $ pour étudier les champignons ophiostomatoïdes.
Quelques-unes des espèces appartenant à ce groupe
de champignons microscopiques causent des dégâts
considérables aux ormes et aux conifères. Les travaux
de l'équipe de Louis Bernier porteront, d'une part, sur
le champignon responsable de la maladie hollandaise de l'orme.
"C'est mon sujet de prédilection depuis mes études
graduées, confesse Louis Bernier. Les recherches sur la
maladie hollandaise de l'orme ont beaucoup ralenti à travers
le monde depuis quelques années, non pas parce qu'on a
trouvé une solution, mais parce que les autorités
ont un peu lancé la serviette. Les fonds obtenus du CRSNG
serviront à identifier les gènes qui confèrent
la toxicité au champignon il y en aurait au moins
une centaine sur les 8 000 gènes que compte cet organisme
-. Grâce à ces connaissances, il sera alors envisageable
de produire des variétés d'orme plus résistantes
à la maladie ou encore de synthétiser des fongicides
plus efficaces."
D'autre part, Louis Bernier étudiera une deuxième
espèce de champignon, proche parente de la première,
qui attaque les conifères moribonds ou fraîchement
coupés et qui cause le bleuissement du bois. "Cette
coloration dévalue le bois et certains pays asiatiques
refusent même d'en acheter, signale le chercheur. Les pertes
peuvent parfois atteindre plusieurs millions de dollars par année
pour une seule entreprise." Ici encore, les chercheurs veulent
identifier les gènes de toxicité de façon
à limiter l'infection des arbres par ce champignon.
La filière épinette
Par ailleurs, le spécialiste de la phylogénie
moléculaire des arbres, Jean Bousquet, et ses collaborateurs
utiliseront leur subvention de 416 550 $ pour poursuivre leurs
études comparatives de la génomique des épicéas.
De nature essentiellement fondamentale, ces travaux serviront
à mieux documenter la génétique des épinettes,
des espèces stratégiques pour l'industrie forestière
canadienne. "Nous voulons dresser la carte génomique
détaillée de l'épinette noire et de l'épinette
blanche, explique Jean Bousquet. Le génome des épinettes
est de 5 à 10 fois plus grand que le génome humain,
mais il contient deux à trois fois moins de gènes.
Les sections non codantes occupent une large place dans leur génome."
Les travaux devraient permettre de localiser les gènes
responsables de fonctions métaboliques importantes, notamment
la croissance et la rusticité, qui ont des incidences économiques.
"Mais, poursuit le chercheur, notre but premier est l'étude
de l'évolution des plantes. Nous participons d'ailleurs
à un programme international dont l'objectif est de cartographier
le génome des conifères."
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