19 avril 2001 |
Les femmes asthmatiques devraient faire l'objet d'une attention
médicale accrue pendant la grossesse, en raison des risques
élevés qui pèsent sur elles et sur leur bébé
pendant cette période. C'est ce que conclut une équipe
canado-américaine, dont fait partie la chercheure Sylvie
Marcoux de la Faculté de médecine, après
avoir passé en revue les dossiers médicaux de 2
200 femmes asthmatiques qui ont donné naissance à
un enfant entre 1991 et 1996 au Québec. "Même
si nous ne connaissons pas les mécanismes responsables
de cette vulnérabilité, il faut tout de suite assurer
un suivi médical particulier à ces femmes",
concluent les chercheurs dans l'article qu'ils signent sur le
sujet dans un récent numéro de l'American Journal
of Obstetrics and Gynecology.
En comparant les dossiers médicaux de femmes asthmatiques
à ceux de quelque 8 800 Québécoises qui ont
donné naissance à un enfant pendant la même
période, les chercheurs ont découvert que l'asthme
avait de multiples effets négatifs sur la grossesse, autant
pour la mère que pour l'enfant. Ainsi, le pourcentage de
grossesses marquées par l'hypertension était deux
fois plus élevé chez les femmes souffrant d'asthme
que dans le groupe témoin (8 % contre 3,6 %). L'incidence
des infections des membranes embryonnaires, des accouchements
par césarienne et du décollement prématuré
du placenta augmentait respectivement de 175 %, 58 % et 41 % chez
les femmes asthmatiques.
Un enfant prématuré sur dix
Une mère asthmatique sur dix donne naissance à
un enfant prématuré, soit un risque 40 % plus élevé
que chez les mères du groupe témoin. Étrangement,
le risque de naître après terme (2,3 % des cas) augmente
également de près de 40 %. La probabilité
que l'enfant ait un très petit poids pour son âge
gestationnel est accrue de 90 %. Par contre, les chercheurs n'ont
relevé aucun lien entre l'asthme de la mère et l'incidence
des malformations ou d'anomalies congénitales.
Fait singulier, les chercheurs ont noté que les risques
de prématurité et de pré-éclampsie
chez la mère (convulsions accompagnées d'hypertension
et d'oedème) étaient plus grands lorsque le bébé
était de sexe féminin. "Ceci pourrait s'expliquer
par des effets différents des hormones sexuelles mâles
et femelles sur la réactivité des bronches, qui
accentueraient les symptômes lorsque la mère porte
une fille", avancent les chercheurs.
"Plusieurs hypothèses ont été avancées
pour expliquer le lien entre l'asthme maternel et l'augmentation
des risques entourant la grossesse, mais la cause exacte est encore
inconnue pour le moment", signale Sylvie Marcoux.
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