5 avril 2001 |
Alexandre Ouellet et Sylvain Simoneau, deux étudiants
de troisième année de l'École d'architecture,
avaient de quoi être fiers la semaine dernière. Le
18e Salon national de l'habitation et de l'aménagement
extérieur, tenu au Centre des congrès de Québec,
présentait, entre autres attractions, leur "Maison
québécoise en transitions". Cette construction
à étage grandeur nature, meublée, peinte
et décorée, a été entièrement
conçue l'an dernier par les deux étudiants dans
le cadre d'un cours, et ensuite primée lors d'un concours.
Évaluée à 125 000 $, elle peut accommoder
deux adultes et deux enfants.
La Maison est le fruit d'une entente spéciale entre différents
partenaires, dont l'École des métiers et occupations
de l'industrie de la construction de Québec et trois centres
de formation professionnelle de la région. Elle a été
préusinée par des étudiants, puis transportée
en quatre modules au Centre des congrès où on l'a
réassemblée.
Rétablir le contact
"Longtemps les architectes et le public ont été
chacun de leur côté et ne se comprenaient pas, explique
Alexandre Ouellet. Avec une maison comme la nôtre, on a
essayé de rétablir le contact."
La Maison possède plusieurs caractéristiques propres
à séduire les consommateurs d'aujourd'hui. L'omniprésence
d'essences de bois telles que l'érable et le pin est l'une
d'elles. "Ces matériaux naturels et sains sont moins
dommageables pour l'environnement et plus durables que le plastique",
indique Sylvain Simoneau. Ce recours au bois rappelle d'ailleurs
les anciennes maisons québécoises, auxquelles les
jeunes concepteurs ont emprunté trois autres caractéristiques
de base: la cuisine/salle à manger spacieuse et accessible,
l'étage et le toit à pignons. "Au Québec,
souligne Alexandre Ouellet, la cuisine est vraiment le lieu d'accueil,
et non le salon."
Cette construction respecte les normes d'isolation, d'étanchéité
et de ventilation du programme Novoclimat de l'Agence de l'efficacité
énergétique du Québec. Son orientation, du
côté sud, procure dans la journée un maximum
de lumière à la véranda et, par voie de conséquence,
à la cuisine/salle à manger grâce à
un large fenêtrage. Le souci de clarté maximale apparaît
aussi dans les fenêtres disposées en coin, donc sur
deux faces, au rez-de-chaussée et à l'étage.
"Ces fenêtres ont une double fonction, précise
Sylvain Simoneau. Elles vont chercher la lumière un maximum
de temps durant la journée. Elles profitent aussi des changements
de direction du vent."
Transitions multiples
La Maison propose différents niveaux de transitions.
Elle emprunte au passé tout en se tournant vers l'avenir.
Elle offre des ambiances diverses par la dimension des pièces,
mais aussi par la hauteur variable des plafonds, ce qui vient
rompre la monotonie. L'été, la véranda devient
une extension de la cuisine/salle à manger. La transition
se fait naturellement entre la dalle de béton du garage
et le plancher de bois franc de la cuisine/salle à manger
de la maison, via la véranda, parce que les trois éléments
sont au même niveau. La Maison tient également compte
des changements à survenir dans le cours d'une vie. C'est
son côté adaptable et évolutif. Dans cet esprit,
il est possible de reconfigurer certaines pièces en abattant
ou en déplaçant certaines cloisons standard non
porteuses, donc sans rôle structural, sans risquer d'affaiblir
l'ensemble.
Les deux étudiants ont beaucoup retiré de leur expérience.
Ils ont trouvé intéressant le fait d'interagir avec
les constructeurs, de voir qu'un projet quitte la table à
dessins pour devenir celui de nombreuses personnes. "C'est
là qu'on se rend compte que lorsqu'on travaille sur un
projet on a tendance à perdre un peu le réalisme
du site, son impact sur les autres", explique Alexandre Ouellet.
"Un trait que l'on dessine peut compliquer la vie de ceux
qui construisent et ne pas se faire en réalité",
renchérit Sylvain Simoneau.
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