29 mars 2001 |
Protéger l'environnement, c'est comme la tarte aux pommes. Tout le monde est d'accord avec ça et chacun croit posséder ce qu'il estime être la meilleure recette. Après tout, la vertu s'apprête à différentes sauces. La dernière Chaire publique de l'AELIÉS (Association des étudiants et des étudiantes de Laval inscrits aux études supérieures), présentée le 22 mars à l'Agora du pavillon Desjardins, l'a bien démontré. L'agronome, l'anthropologue et le professeur-entrepreneur invités à débattre du thème "Protéger l'environnement: de la théorie à la pratique" ont fait montre d'un commensalisme exemplaire, qui a laissé peu de place au choc des idées.
Mea culpa
Invité à briser la glace, Stéphane Godbout,
agronome, ingénieur et chercheur à l'Institut de
recherche et de développement en agroenvironnement, a d'abord
fait une mise en garde par rapport à l'information-choc
véhiculée par les médias. "Il faut prendre
cette information avec un certain recul, dit-il. Ça fait
des années qu'on nous dit que le plafond va nous tomber
sur la tête et pourtant, nous sommes toujours là.
Les choses s'améliorent lentement en environnement. Par
exemple, les efforts de dépollution de l'eau peuvent prendre
dix ans avant de faire sentir leurs effets."
La mondialisation de l'économie entraîne l'internationalisation
des problèmes environnementaux, a-t-il noté, soulevant
au passage les cas de la maladie de la vache folle et de la fièvre
aphteuse. "Les plus belles solutions à un problème
local peuvent avoir des répercussions ailleurs dans le
monde. On ne peut plus travailler en vase clos et il faut faire
appel à des spécialistes de plusieurs domaines pour
bien saisir toutes les dimensions d'un problème écologique."
Face à l'ampleur de ces problèmes, on a trop souvent
tendance à se déresponsabiliser en demandant aux
gouvernements d'adopter des lois, déplore-t-il. "Pourtant,
chacun a un effort individuel à faire pour modifier sa
propre façon de vivre. L'environnement, ça commence
par nous."
Simplicité volontaire
Pour y arriver, l'anthropologue Richard Gendron, vice-président
de l'Union québécoise pour la conservation de la
nature, propose de se poser la question suivante au saut du lit
chaque matin: comment puis-je vivre mieux en consommant moins?
"Il faut faire des choix par rapport à ses besoins
réels. La source des problèmes environnementaux
actuels n'est pas la surpopulation, mais la surconsommation des
gens qui habitent les pays riches."
Au moment où, plus que jamais, les citoyens doivent se
responsabiliser face aux conséquences environnementales
de leur mode de vie, certains voudraient les écarter des
débats entourant les choix de société, observe-t-il.
Au Québec, par exemple, certains remettent en question
le rôle du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement
(BAPE), qui donne une tribune aux simples citoyens désireux
s'exprimer sur un projet de développement. "Non seulement
faut-il maintenir la belle tradition de participation populaire
au BAPE, mais il faut la favoriser et l'élargir à
des questions plus vastes comme les organismes modifiés
génétiquement."
Valeurs émergentes
Le contexte social sera favorable à la protection de
l'environnement au cours des prochaines années, estime,
pour sa part, Christian Roy, professeur au Département
de génie chimique et fondateur du Groupe Pyrovac, une entreprise
spécialisée dans le développement et l'exportation
de technologies environnementales. "Entre 1950 et 1990, la
croissance économique reposait sur les combustibles fossiles.
Depuis dix ans, elle est axée sur l'industrie des nouvelles
technologies de l'information. Nous assistons présentement
à un changement des valeurs qui mettra les entreprises
qui oeuvrent dans la santé et l'environnement au premier
plan du développement économique", prédit-il.
La hausse du prix du pétrole, la quête d'une meilleure
qualité de vie et la mise en application de lois environnementales
plus sévères catalyseront cette métamorphose.
Les pays industrialisés, ceux d'Europe en particulier,
sont avides de technologies de recyclage, observe-t-il. Il y a
20 ans, l'enfouissement était le principal moyen de se
débarrasser des déchets et le recyclage comptait
pour peu dans la balance. La situation est totalement renversée
aujourd'hui. "À compter de 2002, l'Europe interdira
l'enfouissement de tout déchet qui contient plus de 5 %
de matériau organique. Ces déchets devront être
récupérés et recyclés. Ce n'est là
qu'un des nombreux changements qui me portent à croire
que nous entrons dans une nouvelle ère."
Cette conférence-débat mettait le point final à
la saison des Chaires publiques de l'AELIES. Les personnes intéressées
à voir ou revoir ces débats peuvent syntoniser Télémag
24 ou le Canal Savoir. Pour connaître l'horaire de diffusion
des émissions, contacter l'AELIES au 656-7190, ou par courriel
à l'adresse: aelies@aelies.ulaval.ca.
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