22 mars 2001 |
Les inégalités se sont accentuées entre
les différents secteurs de la haute-ville et de la basse-ville
de Québec, de 1971 à 1996. Durant ce laps de temps,
par exemple, la hausse du niveau de scolarité a nettement
été plus importante en haute-ville, les écarts
de revenus se sont accrus entre le centre-ville et la banlieue
et les ménages de la basse-ville ont connu une intensification
de la pauvreté relative.
Ce sont là quelques phénomènes que constate
Dominique Morin, étudiant de première année
à la maîtrise en sociologie, après avoir examiné
des indicateurs socio-économiques tirés de quatre
recensements canadiens couvrant cette période, comme le
niveau de scolarité, le taux de chômage, le revenu
moyen des ménages et la valeur moyenne du logement. Ce
dernier a présenté certains éléments
d'une vaste étude qu'il a menée sur la disparité
entre la Haute et la basse-ville de Québec ainsi que sur
la reproduction des inégalités du centre-ville dans
les banlieues, à l'occasion d'un minicolloque organisé
par l'Association des chercheures et chercheurs étudiants
en sociologie (ACCES) de la Faculté des sciences sociales,
qui a eu lieu le vendredi 16 mars au Café des Arts, rue
Salaberry à Québec.
Éducation et pouvoir d'achat
Littéralement quadrillée selon les deux axes
de développement de la haute-ville et de la basse-ville,
puis en 11 zones distinctes comportant des noyaux de banlieue,
l'agglomération de Québec laisse alors apparaître,
à travers la cartographie socio-économique à
laquelle s'est livré Dominique Morin, les clivages qui
ont pris de l'ampleur, au fil des ans, entre les résidants
des deux paliers géographiques de la Vieille Capitale.
C'est le cas notamment en matière de scolarité.
"Les populations des zones de la haute-ville ont accumulé
nettement plusrapidement des atouts académiques que les
populations de la basse-ville autre que Champlain", constate
le chercheur étudiant. Ainsi, de 1971 à 1996, la
proportion d'individus sans diplôme d'études secondaires
parmi les 15 ans et plus est passée de 67 % à 17,6
% en haute-ville (Saint-Sacrement, Montcalm, Saint-Jean-Baptiste,
Vieux-Québec) tandis qu'elle fondait de 87,2 % à
43,9 % en basse-ville (Champlain, Limoilou, Saint-Roch, Saint-Sauveur).
Par contre, les données suggèrent que la population
de Champlain en 1971 "s'est vue substituée par une
population semblable à celle de la haute-ville", fait
remarquer Dominique Morin. Le taux de sans DES dans ce secteur
situé à l'est du quartier Saint-Roch a en effet
"culbuté" de 94,6 % à 16,2 %.
Autre indice révélateur: le revenu relatif moyen
du ménage, qui donne une idée du pouvoir d'achat
moyen dont disposent les familles de chaque zone. Le revenu régional
fluctuant ayant été ramené à la constante
1,00, le revenu relatif moyen a varié de 0,92 à
0,89 entre 1970 et 1995 en haute-ville et de 0,76 à 0,56
en basse-ville. "En moyenne, lors du dernier recensement,
les ménages des zones les plus pauvres de la basse-ville
disposent grosso modo de la moitié seulement du revenu
dont profitent les ménages de Champlain et des zones les
plus riches de la haute-ville", note l'étudiant sociologue
à la maîtrise.
Tableau récent
Le tableau de la situation que brosse par ailleurs le recensement
canadien de 1996 est on ne peut plus loquace en ce qui a trait
au niveau de scolarité, au taux de chômage, au revenu
moyen des ménages et à la valeur moyenne du logement.
Par exemple, on apprend que les quartiers centraux de la haute-ville
(Vieux-Québec et Saint-Jean-Baptiste) abritaient à
ce moment 32,1 % de diplômés universitaires, les
zones tampons (Limoilou, Montcalm, Saint-Sacrement et moitié
est de Sillery) 35,7 %, les secteurs de maisons unifamiliales
datant des années 1950 et 1960 de Sillery, 49,2 %, et de
Sainte-Foy, 29,2 %.
D'autre part, le taux de chômage atteignait 27,4 % dans
les quartiers centraux de la basse-ville (Saint-Roch) par rapport
à 14,6 % dans ceux de la haute-ville (Vieux-Québec
et Saint-Jean-Baptiste). La valeur moyenne du logement se chiffrait
respectivement à 112,100 $ et 138,600 $ dans les quartiers
centraux et les zones tampons de la haute-ville et à 59,800
$ et 87,400 $ dans les mêmes secteurs de la basse-ville.
Quant aux maisons unifamiliales construites au cours des décennies
1950 et 1960, celles-ci valaient en moyenne 241,900 $ à
Sillery et 130,100 $ à Sainte-Foy.
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