22 février 2001 |
Une femme raconte trois journées mémorables au
cours desquelles, à dix ans d'intervalle, elle et son mari
ont reçu de la visite. S'appuyant sur trois livres de son
cru, L'art de recevoir, L'art de percevoir et L'art
de décevoir, elle dépeint les joies et les affres
provoquées par ces visiteurs le plus souvent issus du
cirque de la condition humaine. Proposée par la Troupe
de théâtre Les Treize, la comédie grinçante
La visite, de Michel-Marc Bouchard, est présentée
du 23 au 25 février, à 20 h, à l'Amphithéâtre
Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. Véritable
revendication du droit à la solitude, cette pièce,
mise en scène par Laurent Maheux, est portée par
dix comédiens, incarnant plus d'une trentaine de personnages
stéréotypés, extravagants et loufoques à
souhait.
L'intrigue commence en 1955, alors que Monique Bienvenue, veuve
depuis un an, reçoit pour la première fois les parents
de son nouvel amant, Roger Aubry. Cette soirée, qui s'annonçait
charmante, tourne rapidement au cauchemar quand la parenté,
les amis et l'ex-belle-famille de Monique débarquent. En
bonne hôtesse, elle accueille sans grincer tout ce beau
monde qui boit et mange allègrement, sauf que les heures
s'écoulent et ces visiteurs s'incrustent. Comment leur
faire comprendre qu'ils dérangent? Au cours des années
qui suivent, Monique écrit un livre sur l'abc du savoir-vivre,
pensant ainsi solutionner ce problème. Or le résultat
est désastreux: des effets boomerangs se produisent. Si
bien qu'en 1967, la maison du couple ressemble à une auberge.
Fatiguée de ce va-et-vient continuel, Monique publie un
deuxième livre pour apprendre aux gens à modérer
leurs allées et venues. Mais le message ne passe pas, ils
entrent toujours dans sa maison comme dans un moulin. Elle écrit
donc un troisième livre qui explique comment décevoir
la visite. La formule fonctionne. De sorte qu'en 1976, sa demeure,
autrefois accueillante, est devenue, à son grand bonheur,
un milieu hostile.
À bas la bienséance
"Élevée dans le respect des convenances
et des bonnes manières, Monique se retrouve, en 1955, à
un tournant de sa vie. Elle souhaite désormais vivre selon
ses principes, sans pour autant délaisser ses proches,
explique Élise Vinet qui incarne ce personnage. Mais au
fil des années, elle réalise que son rêve
est utopique. Elle ne peut concilier les deux, soit respecter
les règles d'usage et vivre comme elle l'entend."
Cette femme apprend donc à dire non, à poser ses
limites et à transgresser les sacro-saintes règles
de la bienséance. Roger, quant à lui, est toujours
en retenue face à ses émotions et se laisse insulter
sans broncher, selon Olivier Michaud qui interprète ce
personnage. "Roger sort bien de ses gonds à quelques
reprises, mais il s'empresse aussitôt de recoller les pots
cassés", précise-t-il.
Parmi les visiteurs figure notamment Morance, la mère de
Roger, une bourgeoise sans-cur et contrôlante. "Morance
passe sans cesse des commentaires désobligeants à
Monique, à propos de tout et de rien, souligne Annie Gignac
qui incarne ce personnage. Rien n'arrête cette langue de
vipère qui pousse l'audace jusqu'à engager un professeur
d'étiquette pour enseigner les bonnes manières aux
amis de sa bru." On rencontre aussi Ginette, la grande amie
et voisine de palier de Monique qui est continuellement à
l'affût de potins croustillants et qui débarque toujours
comme un cheveu sur la soupe à l'heure des repas. Il y
a aussi l'oncle Armand, le radoteur de la famille, et la sur de
Monique, une nymphe dépressive et fauchée. Le couple
reçoit aussi Denis, le nouvel ami de cur de Jocelyn, le
fils de Monique qui affiche sans retenue, au grand désespoir
de Roger, son homosexualité. Cette brochette de visiteurs
aux petites manies singulières vous laissera certainement
sur délicieuse impression de déjà-vu.
On peut se procurer des billets en prévente, au coût
de 8 $, au Service des activités socioculturelles, 2344,
pavillon Alphonse-Desjardins, ou les soirs de spectacle, au coût
de 10 $. Information : 656-2765.
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