22 février 2001 |
Une équipe interuniversitaire de chercheurs, dirigée
par Jacques Simard, du Centre de recherche du CHUL, vient d'obtenir
la somme de 6,8 millions de dollars pour la réalisation
d'une étude portant sur les gènes de prédisposition
au cancer du sein. Cette somme, étalée sur cinq
ans, provient du Programme des équipes interdisciplinaires
de recherche en santé, parrainé par les Instituts
de recherche en santé du Canada (IRSC).
Quinze chercheurs de sept institutions uniront leurs forces pour
étudier les gènes de susceptibilité au cancer
du sein dans la population canadienne, l'impact psychologique
de leur dépistage ainsi que les répercussions juridiques
et sociales du résultat de ces tests. Outre Jacques Simard,
les chercheurs de Québec associés à ce projet
sont, à la Faculté de médecine, Francine
Durocher, Rachel Laframboise et Marie Plante, à la Faculté
de pharmacie, Michel Dorval, et à la Clinique des maladies
du sein, Jocelyne Chiquette.
Contribution canadienne
La transmission héréditaire d'un gène
de susceptibilité au cancer du sein serait associée
à 5 à 10 % de tous les cas de cancer du sein. Ce
taux grimperait à environ 25 % pour les cancers survenant
avant l'âge de 40 ans. Les chercheurs connaissent présentement
deux gènes de susceptibilité au cancer du sein,
appelés BRCA1 et BRCA2; Jacques Simard a d'ailleurs collaboré
à l'identification de ces deux gènes en 1994 et
1995. "Il existe des centaines de mutations dans BRCA1/2,
mais quelques-unes d'entre elles sont spécifiques à
certaines populations, signale Jacques Simard. Le risque qu'elles
confèrent aux femmes qui en sont porteuses varie d'une
mutation à l'autre, mais également d'une population
à l'autre, surtout s'il y a présence d'un effet
fondateur comme ça semble être le cas au Québec."
Les résultats d'études réalisées ailleurs
dans le monde ne peuvent donc être extrapolés à
la population canadienne.
Le laboratoire de Jacques Simard a déjà entrepris
l'identification des mutations de BRCA1/2 parmi 250 familles québécoises
à risque (au moins trois cas de cancer du sein ou des ovaires).
"La subvention de l'IRSC va nous permettre de poursuivre
le travail déjà entrepris, d'identifier d'autres
mutations qui affectent les gènes BRCA1/2, de découvrir
de nouveaux gènes de prédisposition et, enfin, d'estimer
le risque qui leur est associé, explique le chercheur.
D'ici cinq ans, nous pourrions disposer d'un test spécifique
pour les principales mutations rencontrées dans la population
québécoise. Les femmes diagnostiquées porteuses
d'une mutation pourraient alors faire l'objet d'un suivi médical
très serré." Le même exercice sera réalisé
auprès de 250 familles albertaines. "Nous espérons
ainsi étudier 400 Canadiennes porteuses de mutations. Nos
résultats constitueront la contribution canadienne à
une étude internationale portant sur les gènes de
prédisposition au cancer du sein."
Aspects psychosociaux
L'équipe financée par l'IRSC étudiera
également les aspects psychologiques de la divulgation
de résultats à un test de dépistage de gènes
de susceptibilité. Les chercheurs évalueront l'efficacité
de méthodes d'intervention auprès des femmes porteuses
sur leur qualité de vie. Les aspects éthiques et
juridiques touchant la confidentialité des résultats
à ces tests feront également l'objet d'une réflexion.
Les chercheurs s'attarderont à la discrimination dont pourraient
être victimes les femmes porteuses de mutations, notamment
en ce qui a trait à l'accessibilité aux assurances.
Le programme Équipes interdisciplinaires de recherche en
santé a été créé par les IRSC
dans le but de renforcer la capacité de recherche en santé
au Canada, en rassemblant des chercheurs de différents
horizons. Les universités canadiennes ont présenté
31 demandes à ce premier concours et seulement dix de celles-ci
ont obtenu des fonds. Le projet présenté par Jacques
Simard a décroché la subvention la plus élevée
au pays. Un comité formé d'experts internationaux
a effectué la sélection des projets.
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