22 février 2001 |
Ah! les bonnes notes! Quelle récompense pour les efforts
investis! Mais quelle déception lorsque, contre toute attente,
elles ne se pointent pas au rendez-vous!
Poussés par une société où la réussite
individuelle et la prouesse sont fortement valorisées,
élevés dans un système scolaire qui met l'accent
sur les notes, obligés de jouer du coude sur le très
compétitif marché du travail, tiraillés parfois
par le perfectionnisme excessif du "si-ce-n'est-pas-parfait-c'est-mauvais"
ou aux prises avec une estime de soi chancelante qui leur fait
considérer les notes et les récompenses comme des
indices de leur valeur personnelle, certains individus deviennent
dès lors des obsédés de la performance.
"Il ne s'agit pas de nier ici l'importance des bons résultats
scolaires, explique Dominique Dubé, psychologue au Service
d'orientation et de consultation psychologique. Le désir
d'en obtenir, comme celui de bien réussir ses examens,
est normal. Nous aidons même les étudiants à
améliorer leur méthode afin d'augmenter leurs résultats.
Il semble cependant que l'objectif de formation de plusieurs étudiants
soit d'obtenir avant tout de bonnes notes."
Apprendre de ses erreurs
L'obsession de la performance dans les études
puisqu'il faut l'appeler par son nom survient , selon le
psychologue, lorsque les objectifs reliés aux résultats
scolaires élevés prennent une place démesurée
et remplacent la compétence comme objectif de formation.
Cette valorisation abusive provoque souvent chez les sujets atteints
pression et anxiété, déception, perte d'estime,
impossibilité de profiter du moment et des succès
présents, oubli du projet professionnel. "L'exigence
envers nous, c'est très bien; l'indulgence aussi puisqu'elle
nous permet d'apprendre de nos erreurs", poursuit-il.
Les hauts objectifs de performance créent du stress, car
ils visent le résultat final sur lequel on n'a pas toujours
le plein contrôle, remarque Dominique Dubé. "On
oublie, de plus, une étape qui précède la
performance, celle de la compétence sur laquelle nous avons
un contrôle et qui nous permettra de "performer".
Lorsque nous sommes compétents dans une matière,
la probabilité de succès est souvent élevée.
Les performances ont leur importance, mais c'est de leur compétence
dont les étudiants et les étudiantes auront à
se servir durant toute leur carrière", souligne-t-il.
Question d'équililbre
Il importe ainsi, au dire du psychologue du Service d'orientation
et de consultation psychologique, de développer des objectifs
(réalistes) de compétence plutôt qu'essentiellement
de performance, comme bien comprendre telle ou telle notion, établir
des liens entre la matière étudiée, les utilités
possibles et sa compétence comme professionnel ou professionnelle
dans le domaine.
"En somme, la vie heureuse de tout étudiant et de
toute étudiante à l'université devrait se
fonder sur l'équilibre primordial entre la performance,
la compétence et le bien-être", de résumer
Dominique Dubé.
|