22 février 2001 |
Le 26 février, Sylvie Boudreault, étudiante au
baccalauréat en relations industrielles et membre de l'équipe
nationale canadienne de biathlon, ira passer une dizaine de jours
aux États-Unis. Ce voyage n'en sera pas un d'études,
encore moins d'agrément puisque l'étudiante-athlète
prendra part à trois compétitions d'envergure et
ce, dans trois endroits différents: Salt Lake City, Lake
Placid et Jericho.
Sylvie Boudreault en est à sa première année
dans le groupe "A" de l'équipe du Canada. De
novembre à mars, elle aura participé à une
dizaine d'épreuves comptant principalement pour le Championnat
d'Europe, le Championnat du monde et la Coupe du monde de biathlon.
Au mois de décembre, en Italie, une fiche parfaite au tir
à la carabine, soit 20 cibles touchées en autant
de tentatives, lui a permis de terminer au vingt-cinquième
rang d'une épreuve individuelle de 15 kilomètres
comptant pour la Coupe du monde. "Ce fut de loin ma meilleure
performance, dit-elle, et une des bonnes performances pour une
Canadienne dans les dernières années."
Un sport martial
Le biathlon combine deux disciplines en une: le ski de fond
et le tir à la carabine. Créé par des militaires,
ce sport est aujourd'hui pratiqué majoritairement par des
soldats. Sylvie Boudreault ne fait pas exception: elle est réserviste
dans les forces armées. Ce statut lui permet d'utiliser
l'équipement de la base militaire de Valcartier, près
de Québec, et de s'entraîner à cet endroit
deux fois par jour, sept jours par semaine, avec l'équipe
des forces armées.
À 13 ans, membre du mouvement des cadets, elle se lance
dans ce sport beaucoup plus par amour du tir à la carabine
que du ski de fond. "J'ai plus de facilité pour le
tir que pour le ski, explique-t-elle. J'ai commencé tard
à skier. En Coupe du monde, les participants ont plus de
20 ans de ski de fond derrière eux."
Pour le commun des mortels, glisser à pleine vitesse sur
la neige durant des kilomètres, puis s'arrêter brusquement
et tirer cinq balles de carabine, debout ou couché et sans
lunette d'approche, sur cinq cibles d'une douzaine de centimètres
de diamètre situées à 50 mètres de
distance, constitue tout bonnement un exploit. "Certains
comparent cela à passer un fil dans le chas d'une aiguille,
indique Sylvie Boudreault. Pour un débutant, le coeur bat
tellement fort que tout bouge et qu'on voit les cinq cibles en
même temps. On ne peut s'arrêter sur une. Mais avec
le temps, on habitue notre corps à tirer avec ces pulsations
élevées." Ce qu'elle aime particulièrement
dans son sport est son aspect éminemment technique, qu'il
s'agisse de monter une côte, glisser plus vite, bien viser
ou effectuer la transition entre le tir et le ski.
Une conciliation difficile
Toutes les journées de Sylvie Boudreault sont planifiées
du lever au coucher. Ses entraînements fixes quotidiens
se déroulent le matin et l'après-midi. Le biathlon
est l'un des sports les plus compliqués à concilier
avec la vie d'universitaire parce que les épreuves n'ont
lieu que l'hiver et parce que tous les événements
de calibre international se déroulent à l'extérieur
du pays. Dernièrement, l'étudiante-athlète
a passé trois semaines en Europe. Elle avait ses manuels
scolaires avec elle et des amis lui envoyaient leurs notes de
cours par télécopieur ou par Internet. Sa seule
contrainte a trait aux examens qu'elle doit assez souvent faire
en privé à son retour.
"En biathlon, souligne-t-elle, on ne peut pas dire: "Aujourd'hui,
je prends congé." On ne peut pas être malade
quand on fait cette vie-là. Je ne peux pas sortir de ma
routine, qui devient parfois très lourde. Le 24 décembre
au soir, c'est sûr que je vais me coucher plus tard. Mais
le 25, il me faut aller skier!"
Disciplinée, entêtée, Sylvie Boudreault aimerait
participer aux Jeux olympiques. "Mais, ajoute-t-elle, je
n'ai pas beaucoup de chances d'y aller en 2002 parce que les critères
de sélection sont très élevés. Cela
dit, les Jeux ne sont pas un objectif essentiel à la réussite
de ma carrière."
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