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18 janvier 2001 ![]() |
Jusqu'au 4 février, à la Galerie des arts visuels,
le peintre québécois Richard Mill présente,
pour la première fois en trente ans de carrière,
une exposition de sculptures. Guidé par son inspiration,
ce professeur à l'École des arts visuels a assemblé
divers objets entreposés dans son atelier depuis plusieurs
années: bouts de bois, barreaux d'escalier, arcs, patères
et lampes. Les sculptures ainsi créées, de grand
format, très sobres et exemptes d'éléments
décoratifs, laissent le spectateur dans l'incertitude de
leur définition. Cet artiste en art actuel, bien connu
pour son audace sans borne, offre donc l'occasion de découvrir
une nouvelle facette de sa pratique.
À ses débuts, dans les années 1970, Richard
Mill travaillait dans l'orthodoxie du minimalisme américain,
un courant artistique qui évoque l'art de la réduction,
de l'austérité stylistique et de la forme épurée.
S'inspirant des textes de Robert Morris, l'un des principaux représentants
de ce courant, il réalisait des toiles évacuant
de tout élément pictural ou ornemental. Ses grands
tableaux entièrement noirs ont notamment contribué
à bâtir sa renommée. Au fils des ans, l'artiste
s'est permis quelques écarts, notamment l'ajout de couleurs,
sans pour autant perdre de vue ses préoccupations initiales.
Éliminer l'illusionnisme pictural afin d'instituer une
vision plus nette de ce qu'il y a effectivement à voir
est l'une des préoccupations. Les sculptures exposées,
résultat d'un assemblage d'objets trouvés ici et
là, ne font donc pas référence au réel.
Elles prennent leur signification par elles-mêmes, comme
le fait valoir l'artiste: "Il n'y a pas d'idées camouflées
derrière l'oeuvre, mais une idée et sa matérialisation
qui ne font qu'un. Les contenus de mes sculptures sont mes sculptures
elles-mêmes, sans équivoque. Je n'essaie pas de refléter
une partie de la réalité. Je cherche simplement
à créer un objet d'art."
Un espace intégré
Pour Richard Mill, l'espace entourant l'objet d'art joue également
un rôle majeur. Une idée défendue, encore
une fois, par les théoriciens de l'art minimal. Par ailleurs,
ce souci de l'espace n'a rien de surprenant puisque devant la
simplicité et la neutralité des oeuvres présentées,
le regard n'a pas d'autre choix visuel que de se diriger de l'objet
vers son environnement. "J'ai toujours observé qu'il
se passe quelque chose dans la zone qu'il y a entre l'oeuvre et
les six ou sept pieds qui la lient aux spectateurs. Cet espace
tend à s'intégrer à l'oeuvre et à
devenir un élément à part entière
qu'il importe de considérer", affirme ce créateur.
C'est dans le but d'occuper concrètement cet espace que
Richard Mill s'est tourné vers la sculpture. Et, fidèle
à lui-même, il ne s'est pas laissé guider
par des critères esthétiques pour réaliser
ses oeuvres. "J'ai fait quatre compositions différentes
dans lesquelles les objets entretiennent entre eux une relation
strictement formelle, notamment par leur caractère de brillance
ou par leur position dans l'espace", explique-t-il.
Des spectateurs actifs
Paradoxalement, les sculptures en apparence simples créées
par l'artiste sont, comme il le précise, complexes à
visionner car l'il doit se débarrasser de ses idées
préconçues, et ne pas chercher de références
extérieures ou figuratives. "Il est impossible d'aborder
et de comprendre mes oeuvres à partir de critères
traditionnels, familiers, tel l'esthétisme. Le spectateur
doit donc développer une attitude de disponibilité
à regarder et à voir. Il joue un rôle actif,
puisque c'est lui qui crée l'oeuvre."
La Galerie des arts visuels, située au 225, boulevard
Charest Est, est ouverte du mercredi au vendredi, de 9 h 30 à
16 h, le samedi et le dimanche de 13 h à 17 h. Le vernissage
aura lieu le 18 janvier à 16 h.
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