18 janvier 2001 |
Cinq recherches effectuées par des équipes de
l'Université figurent au palmarès des dix découvertes
de l'année 2000 du magazine Québec Science.
Le gène responsable de l'ataxie de Charlevoix et du Saguenay,
l'ancêtre commun des plantes vertes, la souris transgénique
qui produit des médicaments dans son sperme, le diagnostic
rapide des infections à streptocoque et l'effet du réchauffement
climatique sur les lacs nordiques ont retenu l'attention des responsables
de ce concours annuel.
Une bonne part du numéro de février de Québec
Science est d'ailleurs consacrée au survol de ce que
le rédacteur en chef du magazine, Raymond Lemieux, appelle
"ces bons coups de la recherche". "C'est toujours,
pour notre équipe, un moment privilégié que
de présenter les résultats de travaux accomplis
par des chercheurs de talent, surtout après qu'ils y eurent
consacré des années de labeur et de patience. À
travers eux, c'est en même temps toute la recherche scientifique
québécoise - souvent méconnue - que nous
voulons saluer."
Le magazine a toujours reconnu la relative subjectivité
de l'exercice qui consiste à dégager dix découvertes
du lot de travaux effectués par des milliers de chercheurs
québécois en une année. Les découvertes
retenues "semblent susceptibles d'avoir des impacts importants,
autant pour l'ensemble de la connaissance que pour le bien-être
de la société", soulignent les responsables
de la sélection. La liste des découvertes marquantes
de l'année est dressée par une équipe de
Québec Science à partir d'une consultation
auprès des institutions d'enseignement et de recherche
et d'une recension de journaux, revues et magazines spécialisés.
Toutes les découvertes ont été publiées
ou annoncées entre le 1er novembre 1999 et le 31 octobre
2000.
En l'an 2000, après 25 années de travail, Jean-Pierre Bouchard, de la Faculté de médecine, et un groupe international de chercheurs ont identifié le gène responsable d'une maladie génétique courante dans les régions de Charlevoix et du Saguenay, l'ataxie spastique récessive de Charlevoix-Saguenay. Ce gène synthétise une protéine, la sacsine, qui interviendrait dans le pliage des protéines, une opération qui détermine leur configuration tridimensionnelle. Dans Charlevoix-Saguenay, environ 1 personne sur 1 000 est atteinte et 1 personne sur 22 est porteuse du gène défectueux. La maladie provoque, dès la petite enfance, des problèmes de coordination qui s'accentuent avec l'âge. Il n'est pas rare que les victimes de cette maladie soient confinées à une chaise roulante dès le début de la quarantaine. Cette découverte a fait l'objet d'une publication dans le numéro de février 2000 de Nature Genetics.
Le 10 février 2000, Claude Lemieux, Christian Otis et
Monique Turmel ont écrit une nouvelle page de l'histoire
des plantes dans la revue scientifique Nature. Les trois
chercheurs du Département de biochimie et de microbiologie
(Sciences et génie) ont alors annoncé qu'ils avaient
identifié l'ancêtre de toutes les plantes vertes
qui peuplent les continents et les eaux de notre planète.
Cette "Ève", appelée Mesostigma viride,
est une algue unicellulaire d'eau douce. Les premiers spécimens
de la lignée de Mesostigma auraient vu le jour il y a
environ 1 milliard d'années. Cette découverte remet
en question l'hypothèse selon laquelle la colonisation
des continents se serait produite à partir de plantes vivant
en eau salée.
François Pothier, du Département des sciences animales
(Sciences de l'agriculture et de l'alimentation), jonglait depuis
plusieurs mois avec l'idée d'utiliser le système
reproducteur mâle pour produire des médicaments.
La faisabilité de cette idée a été
démontrée à la fin de 1999 alors que Michael
Dyck, Dominic Gagné, Mariette Ouellet, Jean-François
Sénéchal, Edith Bélanger, Dan Lacroix, Marc-André
Sirard et François Pothier publiaient dans Nature Biotechnology
des résultats qui annonçaient la création
de souris secrétant l'hormone de croissance humaine dans
leur sperme. Bientôt, ce ne seront pas des souris, mais
bien des porcs transgéniques qui produiront ces médicaments.
Cet animal donne entre 250 à 500 ml de sperme chaque jour,
ce qui en fait un bioréacteur plus qu'intéressant.
Dans un article publié le 30 mars dans Nature,
deux chercheurs du Centre d'études nordiques, Reinhard
Pienitz (Géographie) et Warwick Vincent (Biologie), ont
démontré que le réchauffement climatique
pouvait avoir un fort impact sur les conditions lumineuses qui
prévalent dans les eaux des régions nordiques du
monde et, conséquemment, sur la chaîne alimentaire
des écosystèmes aquatiques. Les deux chercheurs
sont arrivés à cette conclusion après avoir
reconstitué les conditions lumineuses qui ont prévalu
au cours des 6 000 dernières années dans un lac
des Territoires du Nord-Ouest. Pendant cette période, les
phases de réchauffement climatique ont eu un impact 100
fois plus grand sur les conditions lumineuses du lac, surtout
l'exposition aux ultraviolets, qu'une réduction de 30 %
de la couche d'ozone.
Enfin, une équipe du Centre de recherche en infectiologie
(Médecine), formée de Michel Bergeron, Danbing Ke,
Christian Ménard, François Picard, Martin Gagnon,
Marthe Bernier, Marc Ouellette, Paul Roy, Sylvie Marcoux et William
Fraser, a annoncé dans l'édition du 20 juillet du
New England Journal of Medicine, la mise au point d'un
test de dépistage rapide du streptocoque du groupe B. Cette
bactérie est responsable de 80 % des infections qui surviennent
chez les enfants dans les premiers jours qui suivent leur naissance.
Le test pourrait être utilisé pour diagnostiquer
la présence de ce micro-organisme chez la mère juste
avant l'accouchement. Le streptocoque est transmis lorsque l'enfant
entre en contact avec la faune microbienne du vagin ou de l'anus
de sa mère au moment de l'accouchement. Entre 15 % et 40
% des femmes seraient porteuses du microbe.
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