11 janvier 2001 |
MENS SANA IN CORPORE SANO
Lettre expédiée le 14 décembre à
François Legault, ministre de l'Éducation
Monsieur le Ministre, enseignants, étudiants et citoyens,
nous unissons ici nos voix pour vous exprimer l'indignation que
nous inspire la diminution constante du temps réservé
aux cours du champ de formation de la personne par la Loi sur
l'instruction publique. Même si nous sommes prêts
à relever le défi de la réforme et que nous
appuyons les objectifs qu'elle poursuit, nous refusons catégoriquement
qu'elle condamne l'éducation physique et l'enseignement
moral au déclin.
Bien que les changements profonds que suggère le Programme
des programmes aient fait couler beaucoup d'encre, de toute évidence,
une véritable réflexion sur les fondements de l'éducation
a été négligée. Selon nous, il est
urgent pour la société québécoise
d'entreprendre une sérieuse remise en question du rôle
de l'école. Considérons-nous, oui ou non, que les
priorités éducatives se situent davantage du côté
d'une formation de la personne selon toutes ses dimensions que
du côté du développement de compétences
strictement académiques?
Dans la mesure où il existe un large consensus voulant
que la classe ne soit pas seulement le lieu qui prépare
les jeunes au marché du travail, mais également
celui où ils apprennent à vivre en société,
où ils s'humanisent, nous trouvons aberrant que le gouvernement
prenne des décisions diamétralement opposées
à l'éducation fondamentale de ces futurs citoyennes
et citoyens. Nous refusons que les élèves fassent
directement les frais de la confusion et de l'incohérence
qui règnent actuellement au sein du ministère de
l'Éducation quant aux finalités visées par
les ordres d'enseignement primaire et secondaire.
Plus que de simples matières, l'éducation physique
et l'enseignement moral sont les moments privilégiés
où les apprenants peuvent réellement dépasser
un simple contenu pour agir et réfléchir sur les
enjeux concrets de la vie et de leur vie. Non seulement ces cours
contribuent nettement à leur motivation, mais ils leur
permettent de découvrir que, outre la dimension cognitive,
l'existence humaine comprend également des aspects physiques,
moraux et affectifs. Mais les politiques actuelles semblent s'intéresser
moins au développement intégral et au mieux-être
des jeunes qu'à leur réussite purement académique.
Nous déplorons l'obsession de la performance qu'elles véhiculent
au détriment des cours du champ de formation de la personne.
L'idéologie qui se cache derrière ces décisions
fait fi de la notion d'équilibre. Pour notre part, nos
convictions au sujet de l'importance de la santé mentale
et physique de la personne se résument en la maxime de
Juvénal: "Mens sana in corpore sano". Il faut
absolument se soucier que nos jeunes aient une âme saine
dans un corps sain. Voilà pourquoi nous plaidons en faveur
d'un changement de cap radical qui permettrait aux cours du champ
de formation de la personne de faire de nos écoles de véritables
lieux d'éducation et d'humanisation, pour qu'éclatent
les passions.
En attendant de vous lire à ce propos, nous vous prions
d'agréer, Monsieur le Ministre, nos salutations distinguées.
|