4 janvier 2001 |
"Étudier la formation d'une chaîne de montagnes,
c'est faire un travail de détective. On cherche des indices
qui auraient été laissés sur le terrain,
on les étudie, on fait des recoupements avec d'autres indices,
on élimine certains suspects pour finalement en arriver
à reconstituer une partie de l'histoire de la Terre."
Félix-Antoine Comeau, étudiant-chercheur du Département
de géologie et génie géologique, a eu tout
le loisir d'exercer ses compétences de fin limier au trimestre
d'automne. En compagnie d'un groupe d'étudiants québécois,
il a mis le cap sur les Alpes françaises dans le cadre
d'un nouveau cours intitulé "Orogènes: atelier
pratique". Offert conjointement par l'Université et
l'INRS-Géoressources dans le cadre du programme de maîtrise
interuniversitaire en sciences de la Terre, ce cours a pour objectif
"d'observer des phénomènes tectoniques communs
à l'évolution des chaînes de montagnes".
Douze étudiants québécois, dont sept de l'Université
Laval, ont donc accompagné le professeur Michel Malo dans
une excursion qui les a conduits, du 10 au 21 septembre, dans
la section française du plus grand massif montagneux de
l'Europe, entre Grenoble et Chamonix, en passant par le Mont Blanc,
le plus haut sommet d'Europe à 4 807 mètres. "Les
Alpes sont intéressantes pour ce genre de cours parce qu'elles
sont en bonne partie dénudées, que les affleurements
rocheux sont nombreux, qu'elles sont facilement accessibles et
que leur formation a fait l'objet de nombreuses études,
signale un autre participant, Jean-Michel Lemieux. On peut donc
circuler en voiture pour observer les affleurements et ainsi tenter
de se faire une idée de ce qu'on verrait si on pouvait
faire une coupe transversale de la montagne."
Apprendre à l'échelle réelle
"Les Alpes représentent un cas classique d'orogènes
de collision, ajoute le professeur Michel Malo. Elles ont été
formées il y a 30 millions d'années suite à
la collision de deux plaques tectoniques. Ce sont donc des montagnes
relativement jeunes, ce qui permet d'observer des éléments
qui sont disparus de chaînes de montagnes plus âgées
comme les Appalaches (450 millions d'années). Le contact
direct avec les roches et les grandes failles qui ont formé
les Alpes fait partie de la formation pratique que nous voulons
donner à nos étudiants dans le cadre de nos programmes."
"J'ai particulièrement aimé le fait de voir
à grande échelle, en trois dimensions, des phénomènes
géologiques que nous avions étudiés uniquement
de façon théorique, signale Félix-Antoine
Comeau. Dans notre programme, les étudiants travaillent
surtout sur les Appalaches, mais ce qu'on a vu là-bas peut
nous aider à comprendre des structures ou des phénomènes
géologiques qu'on peut rencontrer dans nos recherches futures."
Pour sa part, son collègue Jean-Michel Lemieux avoue qu'il
en a retiré quelque chose pour ses propres travaux, mais
qu'il a surtout apprécié le côté géotouristique
de l'aventure. "Les paysages des Alpes sont vraiment différents
des nôtres. De plus comme nous étions accompagnés
par des géologues français spécialistes de
cette région, nous nous sommes arrêtés dans
de très bonnes auberges." Chaque étudiant devait
tout de même produire un rapport qui approfondissait les
observations recueillies dans les Alpes et en présenter
une synthèse lors d'un colloque qui a eu lieu le 5 décembre.
La facture
L'internationalisation de la formation a, malheureusement,
un coût qui, dans le cas du stage Alpes-2000 se chiffrait
à près de 2 000 $ par étudiant. Heureusement,
signale Jean-Sébastien Marcil, l'étudiant-chercheur
responsable des activités de financement du cours, des
commandites de SOQUEM, de l'AELIÉS, de l'Association professionnelle
des géologues et des géophysiciens du Québec,
du Centre géoscientifique de Québec, du Département
de géologie et de génie géologique de l'Université,
de l'INRS-Géoressources, du ministère des Ressources
naturelles du Québec et de l'Institut canadien des mines
et de la métallurgie/section Québec ont réduit
de près de moitié les coûts assumés
par les étudiants.
"Le cours "Orogènes: atelier pratique" est
offert, en principe, à tous les deux ans, signale Michel
Malo. Le prochain stage conduira les étudiants dans les
Pyrénées ou dans les Rocheuses canadiennes."
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