7 décembre 2000 |
Le Service de protéomique de l'Est du Québec,
dirigé par le professeur Guy Poirier, de la Faculté
de médecine, vient de faire l'acquisition d'un appareil
qui permet d'identifier et de caractériser plus rapidement
de minuscules quantités de protéines. Acheté
au coût de 300 000 $, ce spectromètre de masse Maldi-TOF
(Matrix Assisted Laser Desorption/Ionisation Time-Of-Flight) constitue
un sérieux atout pour les chercheurs du domaine de la protéomique
de l'Université et de la grande région de Québec.
"Il s'agit d'un équipement régional qui profitera
aussi bien aux chercheurs qui travaillent sur les protéines
humaines qu'à ceux intéressés par les protéines
animales ou végétales", précise Guy
Poirier. Au Québec, un seul autre centre universitaire
possède un appareil semblable.
"Cet outil était crucial si nous voulions jouer dans
les ligues majeures de la protéomique, estime le chercheur.
Il nous fallait au moins ce spectromètre et, pour être
encore mieux positionnés, nous voulons faire l'acquisition
d'autres appareils qui complémenteront celui-ci."
Grâce au nouveau spectromètre, le Service de protéomique
pourra faire 100 analyses d'échantillons de protéines
par jour alors qu'il ne pouvait en faire qu'une seule avec l'ancien
équipement. De plus, la quantité minimale de protéines
requises pour chaque analyse est de 10 à 100 fois inférieure
à ce qu'elle était. Les chercheurs obtiennent les
résultats des leurs analyses rapidement et le coût
est trois fois moins élevé qu'ailleurs.
L'appareil a été acquis grâce à une
subvention de 211 000 $ du Conseil de recherche en sciences naturelles
et en génie, accordée à Guy Poirier et à
ses collègues de la Faculté de médecine,
René Gaudreault, Robert Faure, Marc Ouellette et Michel
Vincent, de la Faculté des sciences de l'agriculture et
de l'alimentation, Marc-André Sirard, et de la Faculté
des sciences et de génie, Jacques Lapointe. L'Université
Laval (40 000 $), le CHUL (33 000 $) et l'Université de
Sherbrooke (10 000 $) ont aussi contribué à l'achat
de l'appareil. Le spectromètre est installé dans
les locaux du Service de protéomique, logé au Centre
de recherche du CHUL. Créé il y a une dizaine d'années,
ce service (auparavant Service de séquençage des
peptides de l'Est du Québec) dessert environ 160 laboratoires
de recherche.
Secteur stratégique
La protéomique touche la séparation, l'identification
et la caractérisation des protéines des organismes
vivants. Ce secteur compte au nombre des 21 domaines stratégiques
identifiés dans le Plan de développement de la recherche
de l'Université. "Nous sortons de l'ère de
la génomique pour entrer dans celle de la protéomique,
annonce Guy Poirier. Maintenant que le génome humain est
en grande partie décodé, les cibles sont devenues
l'expression des gènes: les protéines. Nous sommes
composés de protéines et elles interviennent dans
tous les aspects de la vie. L'industrie pharmaceutique vise d'ailleurs
les protéines comme cibles des nouveaux médicaments."
Les chercheurs de l'Université disposent maintenant d'outils
stratégiques pour le développement du secteur de
la génomique et de la protéomique, souligne Luc
Simon du Vice-rectorat à la recherche. En plus du spectromètre
de masse du Service de protéomique, ils ont accès,
au pavillon Marchand, au supercalculateur Cray du Centre de calcul
scientifique et de bioinformatique ainsi qu'au Service de séquençage
génomique et de synthèse d'acides nucléiques.
Au cours des derniers mois, le Vice-rectorat à la recherche
a organisé des rencontres, animées par Luc Trahan
et Luc Simon, pour coordonner les forces dans ce secteur. Une
cinquantaine de chercheurs de l'Université et une dizaine
d'autres provenant de centres de recherche gouvernementaux ont
participé aux discussions visant, entre autres, à
coordonner les demandes adressées à Génome
Québec et à Génome Canada. Ces organismes
distribueront 160 millions de dollars au cours des cinq prochaines
années pour la réalisation de projets majeurs en
génomique et en protéomique.
"Nous sommes bien positionnés, estime Luc Simon, mais
comme les chercheurs ne sont pas regroupés dans un seul
centre, notre expertise dans le domaine est moins apparente. Nous
cherchons une façon de mettre en valeur toutes nos forces
afin de faciliter la recherche de financement et la consolidation
des outils de recherche. Ce que fait le Service de protéomique
est un bon exemple de mise en commun d'équipement coûteux
qui bénéficie à tous les chercheurs du secteur."
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