7 décembre 2000 |
"Comment se fait-il que je sois si différent de
mes soeurs et frères, nous avons eu les mêmes parents?"
"Pourquoi je me sens si mal dans ma famille, alors que mes
parents semblent heureux et qu'aucun événement tragique
n'est venu bouleverser la dynamique familiale?"
La psychologue Louise Careau, du Service d'orientation et de consultation
psychologique de l'Université, se rend compte régulièrement,
au fil de ses nombreuses consultations, que la famille occupe
encore une place importante dans la vie d'un étudiant ou
d'une étudiante universitaire, et ce pour toutes sortes
de raisons. Le temps des Fêtes, qui se pointe à nos
portes et qui ramène habituellement les membres d'un même
"troupeau" au bercail, devrait donc constituer pour
le jeune adulte aux études une occasion de réfléchir
sur sa famille et sur soi, pense-t-elle.
Liens de cause à effet
Des questions existentielles comme celles citées en
épigraphe traduisent bien les liens effectifs... et affectifs
qui rattachent pour le meilleur ou pour le pire l'individu
au giron qui l'a vu naître. La famille est une source d'identité
pour les enfants. "Comme les premiers échanges sont
façonnés par ce que nos parents voient de nous,
disent de nous "T'es bien comme ta mère!"), il
arrive que des enfants aient de la difficulté à
dégager leur personnalité", explique Louise
Careau.
La famille est leur premier milieu d'éducation, d'influence,
de socialisation. C'est aussi un système avec ses règles
et ses rôles propres (le raisonnable, le mouton noir, le
clown, le gaffeur, le génie, le bizarre, le sportif, etc.,
illustre-t-elle). Selon la psychologue, plus les rôles sont
cristallisés, plus la famille est mal en point parce qu'elle
ne permet plus de liberté, de nouveauté. "Si
notre façon d'entrer en relation ou si les rôles
rigides que nous nous sommes donnés viennent de notre famille
et nous créent des difficultés, il ne faut pas être
fataliste. Tout peut se changer. Il faut y voir une belle occasion
de se développer, d'apprendre à se connaître
et d'évoluer", soutient Louise Careau.
La clé de contact
La psychologue du Service d'orientation et de consultation
psychologique prescrit alors: de s'arrêter et d'être
"attentif à soi", de mettre des mots sur ce dont
on prend conscience (pensées, émotions, comportements);
d'établir des liens entre ses relations actuelles et ses
relations antérieures avec les membres de la famille; d'être
en contact avec son histoire personnelle, c'est-à-dire
avec le rôle appris au sein du "roman familial",
ce qui permet d'être plus souple et d'établir de
meilleurs rapports avec autrui.
"Bien que souhaité, le changement sera plus ou moins
facile à réaliser. Car il peut même mener
à remettre en question une famille ou un parent idéalisé",
révèle Louise Careau. Mais, en fin de compte, au
bout d'un certain temps, l'exercice en aura valu la peine: il
aura fait surgir le plaisir d'être davantage en relation
avec soi, de ressentir plus de liberté, et aura fait de
la place à une meilleure estime de soi.
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