7 décembre 2000 |
Tout au long de l'an 2000, des enregistrements réalisés par des professeurs, des professeures, des étudiants et des étudiantes de la Faculté de musique ont fait leur apparition dans la Cité universitaire ou dans les rayons des disquaires. Pourquoi ne pas profiter du temps des Fêtes pour offrir un cadeau musical? Voici quelques suggestions.
Beethoven en première québécoise
György Terebesi et Joël Pasquier ont distillé
un très beau cru de l'opus 30 de Ludwig van Beethoven,
la toute première parution discographique québécoise
(chez ATMA ALCD 2 1018) consacrée à ces trois
sonates pour violon et piano. Les deux éminents pédagogues
de la Faculté de musique de l'Université Laval nous
donnent en effet une belle leçon de maestria. Serti entre
les populaires no 5 (Le printemps) et no 9 (À
Kreutzer), aux premières lueurs du XIXe siècle,
le triptyque du trentième opus déploie finement
toutes les nuances de son charme lyrique sous l'impulsion experte
de ces admirables animateurs de partitions.
Comme il en a pris l'habitude avec tout ce qu'il touche, l'archet
de György Terebesi est encore et toujours éloquent
de justesse et de sensibilité. La personnalité du
sympathique violoniste d'origine hongroise s'y révèle
dans tous ses registres, le technicien irréprochable côtoyant
le poète de l'émotion. Et que dire du piano magnifiquement
tenu par Joël Pasquier, que l'on n'entend malheureusement
que trop rarement au disque ! Le pianiste originaire de France
se montre ici d'une brillante fluidité volubile, en particulier
dans des passages comme l'Allegretto con variazioni de
la première sonate ou le finale de la seconde. À
n'en point douter, il fait honneur à son fier patronyme
et à un patrimoine familial et artistique déjà
fort réputé. Voilà un enregistrement auquel
le génial Beethoven ne ferait certes pas la sourde oreille.
Car il s'agit bien, en fait, d'un authentique coup de maîtres
!
Saxophone et piano se donnent le mot
Lancé le jeudi 16 mars en soirée, après
un concert de musique du XXe siècle qu'ils ont donné
à la salle Henri-Gagnon, le disque du saxophoniste Rémi
Ménard et du pianiste Marc Joyal, intitulé Nouvelle
musique pour saxophone et piano, constitue à n'en point
douter l'un des plus beaux fleurons du répertoire de chambre
de chez nous parus aux cours des dernières années.
Leur superbe enregistrement, gravé chez la Société
nouvelle d'enregistrement (SNE-651-CD), fait apparaître
pour la première fois au disque cinq oeuvres originales
de compositeurs québécois peu connus du grand public,
mais fort appréciés par leurs pairs: la Sonate
pour saxophone alto et piano (1982) néo-classique de
Denis Bédard (né en 1950), la Fantaisie lyrique,
op. 28 (1982) d'Alain Gagnon (né en 1938), le Duo
concertant (1982) de Jean-Clément Isabelle (né
en 1948), l'Incertitude (1999) de Robert Lemay (né
en 1960), et le Nocturne (1988) d'André Jutras (né
en 1957).
Le duo Ménard/Joyal est, tout au long de ce magnifique
concert de 50 minutes, le maître d'oeuvre d'une prestation
d'un très haut niveau artistique.
Un Pachelbel rayonnant
L'organiste Antoine Bouchard a érigé un monument
d'une exceptionnelle beauté à même le riche
matériau fourni par le génie créateur de
Johann Pachelbel (1653-1706), le compositeur du fameux et indissociable
Canon. Entreprise en 1998, puis lancée sur le marché
à compter de la fin d'avril 1999, par la réputée
maison de disque américaine Dorian, l'intégrale
de l'oeuvre pour orgue du maître de Nüremberg a pris
une ampleur édifiante à la parution de chacun des
11 volumes qui la composent.
Le professeur émérite de la Faculté de musique
s'est fait, tout au long de son chemin de foi "pachelbélien",
l'instrument d'une haute oeuvre, incarnant dans son approche le
pèlerin, celui de l'humilité derrière chaque
note, celui de l'effacement dans l'accomplissement. Transis jusqu'à
la moelle par le souffle inspirateur du précurseur de Bach,
le superbe orgue Casavant de l'église de Saint-Pascal-de-Kamouraska
s'est épanché, quant à lui, dans la quiétude
méditative, a embaumé d'un irrépressible
encens à la douceur mystique.
Nous communions d'office, en somme, à l'interprétation
"habitée" d'un magnanime célébrant
au toucher lumineux qui veille avec recueillement, en son apaisante
chapelle ardente, sur le glorieux corpus d'une céleste
musique sublimement sereine d'intériorité sanctifiante.
Tableaux d'une exposition
La première édition du "Disque des étudiantes
et des étudiants de la Faculté de musique"
a été lancée au mois d'octobre. Ce coup d'envoi
mérite certes des applaudissements bien nourris parce qu'il
braque ses feux sur des étudiants et des étudiantes
aux talents indéniables et leur donne une occasion en or
de se faire valoir.
De cette moisson 1999-2000 où s'affirme avec assurance
chaque personnalité artistique, dans toute la verdeur de
son expressivité, retenons le très bon niveau d'exécution
technique et la belle polychromie des paysages sonores. Ce coffret
double représente, à coup sûr, une vitrine
étudiante sans pareille pour la Faculté de musique
et pour l'Université Laval.
On peut se procurer les disques mentionnés dans le présent
article (au prix de 15 $) au secrétariat de la Faculté,
situé au 3312, pavillon Louis-Jacques-Casault, ou, dans
le cas des trois premiers, chez les bons disquaires.
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