30 novembre 2000 |
Le contrôle psychologique et le contrôle comportemental
exercés par les parents pendant l'adolescence constituent
deux déterminants importants de l'ajustement d'un élève
au cégep et de sa réussite scolaire. Cette constatation
est au nombre des résultats obtenus par deux chercheurs
de l'Université Laval dans une étude récente
traitant du lien entre la famille et les processus d'adaptation
aux études collégiales chez les élèves
à risque.
Simon Larose, professeur au Département d'études
sur l'enseignement et l'apprentissage, et Nathalie Soucy, étudiante
au doctorat, tous deux membres du Groupe de recherche sur l'inadaptation
psychosociale chez l'enfant, ont cosigné un article scientifique
sur ce sujet dans l'édition de mars 2000 de la revue américaine
Journal of Family Psychology. Le contenu de l'article portait
sur l'ajustement au cégep d'élèves nouvellement
admis participant à un programme de tutorat maître-élève
pendant leur première session d'études.
158 sujets répartis dans trois cégeps
Les deux chercheurs ont obtenu la participation de 158 élèves,
dont 95 filles. Les sujets étaient âgés entre
16 et 20 ans et étudiaient aux cégeps de Sainte-Foy,
Rivière-du-Loup et Vieux-Montréal. Tous et toutes
figuraient sur la liste des derniers admis au cégep, en
raison de leur faible moyenne scolaire pondérée
obtenue à l'école secondaire. Les trois quarts provenaient
de familles intactes et 58 % de l'ensemble s'étaient inscrits
à des programmes d'enseignement préuniversitaire.
Le contrôle psychologique et le contrôle comportemental exercés par les parents pendant l'adolescence constituent deux déterminants importants de l'ajustement d'un élève au cégep et de sa réussite scolaire. Et l'engagement du père s'avère particulièrement important pendant cette transition.
Des enseignants ont rencontré les élèves
à toutes les deux ou trois semaines pour les aider à
s'intégrer à leur nouveau milieu au moyen d'encouragements,
de conseils et d'informations. Les élèves suivis
ont rempli deux questionnaires, un avant et un après le
programme de tutorat. Les informations demandées portaient
sur différentes variables, notamment le contrôle
psychologique et le contrôle comportemental exercés
par les parents et par les tuteurs, et les perceptions d'ajustement
au cégep. Les notes scolaires ont également été
colligées.
"Le contrôle psychologique est une forme de manipulation
émotive, explique Nathalie Soucy. Il joue sur les sentiments.
Le parent veut contrôler ce que fait le jeune, mais pas
nécessairement de la bonne façon, en essayant de
le culpabiliser. Par exemple, si l'adolescent pose certains gestes
ou s'il se tient avec certaines personnes, le parent va lui dire
que c'est parce qu'il ne l'aime pas ou parce qu'il veut lui faire
de la peine. Quant au contrôle comportemental, il s'agit
d'un encadrement sain et sans jugement. Le jeune fait ses expériences
à l'intérieur de balises fixées par les parents,
en sachant qu'il y a des limites à ne pas dépasser."
Le rôle majeur du père
La recherche a mis en lumière le fait que le contrôle
psychologique entraîne des problèmes d'ajustement,
et que le contrôle comportemental est associé à
un meilleur ajustement, cette relation étant plus forte
lorsque le contrôle est exercé par le père.
"Si un jeune est exposé à un père qui
lui fixe des limites, qui le dispute lorsqu'il dépasse
ces limites et qui sait ce qui se passe dans sa vie, il va mieux
réussir, affirme Simon Larose. Cela nous amène à
dire que l'engagement du père est important durant cette
transition."
Deuxième constatation: le tuteur fera une différence
dans l'ajustement du jeune à son nouveau milieu s'il sait
créer un climat de sécurité dans la relation
avec ce dernier. "Cela s'est avéré vrai surtout
chez les jeunes qui proviennent d'un milieu sécurisant
où la mère est vue comme une personne facile d'accès
lorsque l'adolescent éprouve des difficultés",
soutient Nathalie Soucy. Simon Larose ajoute: les garçons
se sentent plus contrôlés en tutorat qu'à
la maison, alors que c'est le contraire pour les filles. "Les
garçons, dit-il, acceptent difficilement le tutorat parce
que dans leur processus d'individuation, la réussite s'obtient
seul. Quant aux filles, chercher de l'aide, coopérer, être
en relation avec les autres, cela fait partie de leur identité."
Enfin, la recherche a démontré que ceux et celles
issus d'un milieu familial insécurisant ou très
contrôlant au plan psychologique ont le moins bénéficié
de l'encadrement offert par le tutorat.
|