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23 novembre 2000 ![]() |
Les cinq principaux partis fédéraux affichent
cependant des plates-formes assez élaborées sur
l'enseignement supérieur et la recherche
Rarement présente dans les manchettes qui rendent compte
quotidiennement du déroulement de la présente campagne
électorale fédérale, la question de l'éducation,
et plus particulièrement celle de l'éducation supérieure,
n'en constitue pas moins un élément non négligeable
des programmes ou plates-formes des cinq formations politiques
qui briguent actuellement les suffrages dans le but de former
le prochain gouvernement du Canada. Pourtant
Résolument abordé de front par les uns, simplement
effleuré par les autres, ce sujet crucial pour l'avenir
de notre société a dû, plus souvent
qu'à son tour, céder les tribunes à la polémique
entourant la santé et les transferts aux provinces dans
ce domaine. Qu'en est-il tout de même de la considération
des partis fédéraux à l'égard de l'enseignement
supérieur et de la recherche?
Parti libéral: faire davantage
Le Parti libéral du Canada s'attache davantage, dans
son livre rouge, à parler d'apprentissage en général
qu'à cibler nommément le monde de l'enseignement
supérieur. Le gouvernement du premier ministre Jean Chrétien
y affirme qu'il ira encore plus loin dans l'aide à l'épargne
qu'il apporte déjà aux parents pour les études
postsecondaires de leurs enfants. Il continuera, par ailleurs,
l'effort entrepris pour améliorer les régimes de
bourses et d'allocations d'études et instaurer des mesures
d'allègement des dettes des étudiants dans le but
de faciliter la poursuite de leurs études aux niveaux collégial
et universitaire. "Un nouveau gouvernement libéral
favorisera de façon significative l'accès aux prêts
pour les étudiants à temps partiel afin d'aider
les travailleurs à acquérir une formation tout en
demeurant sur le marché du travail", peut-on lire
d'autre part.
Le gouvernement sortant indique, d'un autre côté,
qu'il doublera au minimum les dépenses fédérales
en recherche et développement (R&D) et apportera une
aide à la commercialisation des découvertes en laboratoire
du gouvernement et des universités. "L'investissement
en innovation fera croître l'économie de tout le
pays et développera la capacité de recherche de
nos institutions, y compris celle de nos plus petites universités",
assure-t-il.
Bloc Québécois: indexer les transferts
Le Transfert canadien pour la santé et les programmes
sociaux (TCSPS) figure en tête de liste des préoccupations
du Bloc Québécois. Ce dernier réclamera une
hausse substantielle des transferts fédéraux destinés
à l'éducation postsecondaire par le biais du TCSPS,
lequel devrait bénéficier d'une indexation minimale
de 10 milliards de dollars sur cinq ans, soit au moyen d'un transfert
de points d'impôt, soit par des transferts en argent. Le
Bloc propose également une réforme de la fiscalité
des particuliers axée vers le soutien à la famille
et l'aide aux étudiantes et aux étudiants finissants.
En matière de financement de la recherche, le Bloc Québécois
déclare qu'il ne s'est pas opposé à la mise
en place de la nouvelle Fondation canadienne pour l'innovation.
"Comme l'ont fait remarquer plusieurs chercheurs, la construction
de laboratoires et d'équipements neufs semble peu utile
si nos chercheurs n'ont pas de fonds pour la réalisation
de leurs travaux, fait-il valoir toutefois. Or, les coupures contre-productives
dans le domaine des sciences et de la technologie ont touché
durement le financement de la recherche au Canada et au Québec.
Si le gouvernement "priorise" le développement
des infrastructures de recherche, il doit, dans la même
mesure, augmenter le financement de la recherche."
Alliance canadienne: accroître le soutien
L'Alliance canadienne annonce, pour sa part, qu'elle remplacera
le système de prêts étudiants par un nouveau
programme de prêts remboursables en fonction du revenu,
lequel encouragera plus de jeunes Canadiens à étudier
et à se perfectionne.
Dans le secteur de la technologie, l'Alliance signale qu'elle
va nommer un conseiller principal relevant directement du premier
ministre et qu'elle va regrouper les meilleures idées du
monde des affaires, du secteur public et du milieu universitaire
afin de faciliter la transition vers la nouvelle économie
et de faire du Canada un chef de file mondial dans ce domaine.
"Stockwell Day et l'Alliance canadienne sont déterminés
à améliorer la capacité du Canada d'effectuer
de la recherche scientifique fondamentale, écrit-on plus
loin au sujet de la recherche. Nous allons accroître le
soutien aux conseils de subvention de recherches du Canada et
créer le poste de scientifique principal du Canada, dont
le titulaire coordonnera les activités scientifiques de
tous les ministères fédéraux et s'assurera
que la recherche scientifique passe avant la politique."
Parti progressiste-conservateur: soulager les étudiants
On ne peut plus loquace sur l'éducation et l'apprentissage,
la formation de Joe Clark revient, comme le Bloc, sur le problème
des transferts fédéraux. Le Parti progressiste-conservateur
garantit que s'il était porté au pouvoir, il ramènerait
au moins aux niveaux de 1993-1994 les versements au titre du Transfert
canadien en matière de santé et de programmes sociaux.
Plusieurs des mesures que préconise le PC ont d'ailleurs
trait aux aspects financiers de l'éducation, en particulier
à l'aide aux étudiants. Le parti compte ainsi adopter
une formule de remboursement des emprunts sous la forme d'un pourcentage
du revenu net d'impôt, le premier paiement n'étant
exigé qu'à la fin de la première années
complète d'emploi suivant l'obtention du diplôme.
Il entend aussi introduire un crédit d'impôt pour
les étudiants qui remboursent des emprunts en vertu du
Programme canadien de prêts aux étudiants et mettre
fin à l'imposition des bourses. Le Parti conservateur consacrerait,
de plus, un financement régulier et prévisible à
l'enseignement postsecondaire.
"Un gouvernement progressiste-conservateur établirait
un programme de collaboration électronique sur les campus
afin d'encourager les universités à développer
conjointement des cours et des programmes faisant appel aux nouvelles
technologies d'apprentissage", prévoit-on. Le PC mettrait
également sur pied l'Institut canadien pour l'apprentissage
et la technologie (un centre national d'expertise et de recherche
appliquée) et la Bibliothèque électronique
canadienne de ressources d'apprentissage, qui servira d'infrastructure
à l'échange de matériel électronique
d'apprentissage à l'échelle du pays.
Nouveau parti démocratique: éliminer les barrières
"L'éducation est le meilleur investissement que
peut faire un gouvernement dans l'économie. Les Néo-démocrates
élimineront les barrières en matière d'enseignement
supérieur pour les familles de travailleurs ordinaires
et pour que nos jeunes n'obtiennent plus leurs diplômes
criblés de dette."
Brandissant cet engagement solennel, le NPD propose un changement
de cap en cinq points: remplacement du Fonds des Bourses du millénaire
par le Fonds pour l'accessibilité de l'éducation
au Canada; non-imposition des intérêts pendant toute
la durée du prêt (du Programme canadien de prêts
aux étudiant(e)s) et crédit de tout intérêt
repayé depuis 1995 à titre de paiement principal
sur le prêt; négociation avec les provinces d'un
gel immédiat des frais de scolarité, suivi d'une
stratégie pour les ramener aux niveaux de 1995 par le biais
d'un réinvestissement fédéral dans les budgets
collèges et des universités; révocation des
lois discriminantes envers les étudiants et les étudiantes
cherchant la protection de la loi sur la faillite; et interdiction
de tout financement fédéral pour l'établissement
et le fonctionnement d'universités privées à
but lucratif.
En ce qui concerne la recherche-développement, le Nouveau
parti démocratique préconise un accroissement de
l'investissement fédéral dans les établissements
d'enseignement postsecondaire, le Conseil national de recherches
et les centres de R&D privés sans but lucratif.
Pour en savoir plus sur les questions touchant les universités,
inscrites dans les programmes électoraux des cinq principaux
partis fédéraux, on peut consulter l'intéressant
site Élection 2000 de l'Association des universités
et collèges du Canada (AUCC) à l'adresse suivante:
http://www.aucc.ca.
GABRIEL CÔTÉ
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